Texte cité dans

Saint-John Perse, Vents

IV

«Ivre, plus ivre (...) de renier l'ivresse...» (...)Parole brève comme éclat d'os.(I, 6, p.22)

- ô monde entier des choses -

C'étaient de très grandes forces en croissance sur toutes pistes de ce monde, et qui prenaient source plus haute qu'en nos chants, en lieu d'insulte et de discorde (...)

- ô monde entier des choses -

Par elles prospéraient l'erreur et le prodige, et la sauterelle verte du sophisme ; les virulences de l'esprit aux abords des salines et la fraîcheur de l'érotisme à l'entrée des forêts ; (...)

Et propageant sur tous les sables la salicorne du désir, elles promettaient semence et sève de croissance (...) Elles promettaient murmure et chant d'hommes vivants

Elles libéraient la source sous la ronce (...)Elles épousaient toute colère de la pierre et toute querelle de la flamme

Et dispersant au lit des peuples, ha ! dispersant - qu'elles dispersent ! (...) - ha ! dispersant

Ha ! oui, toutes choses descellées, ha ! oui, toutes choses lacérées !

Ivre, plus ivre (...) d'avoir renié l'ivresse... Ivre, plus ivre, d'habiterLa mésintelligence.(I, 3, pp.15-17)

«Vents», Paris, NRF Gallimard, 1960