Philippe Hurel (1955)

Pour Luigi (1993 -1994)

pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano

  • Informations générales
    • Date de composition : 1993 - 1994
    • Durée : 15 mn
    • Éditeur : Billaudot, Paris
    • Commande : Barbara et Luigi Polla
Effectif détaillé
  • flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano

Information sur la création

  • Date : 6 mars 1995
    Lieu :

    Paris, Auditorium Colbert de la Bibliothèque Nationale


    Interprètes :

    l'ensemble Court-Circuit, direction : Pierre-André Valade.

Observations

Concert lors des Journées portes ouvertes à l'Ircam en 1996 : https://medias.ircam.fr/x56db6a_pour-luigi-philippe-hurel

Note de programme

Cette pièce clôt un champ de recherche entamé en 1986 avec Pour l'image qui m'a conduit peu à peu à une écriture très dense et à l'élaboration de polyphonies proches de la saturation. Je souhaitais que Pour Luigi, la première pièce que j'ai écrite pour Court-Circuit, tienne compte de tout le travail que j'ai entrepris ces dernières années.

Si cette partition me permet de tourner une page dans certains domaines (polyphonies générées par des règles très strictes, processus de transformation calculés par ordinateur...), elle développe en revanche des recherches dans le domaine du rythme, que j'avais abordées dans les Six miniatures (1991) et dans Leçon de choses (1993). C'est dans cette voie que je m'engage aujourd'hui, en tentant de concilier des mondes qui ont du mal à cohabiter : une rythmique issue de cellules jazz et funky et un travail harmonique et formel influencé par les techniques spectrales. Cette volonté d'employer des techniques et des éléments hétérogènes m'a naturellement conduit à une écriture partiellement plus souple. Ainsi, le début de la pièce est composé avec une plus grande liberté que mes œuvres précédentes, mais l'auditeur percevra cependant la mise en place progressive d'une écriture rigoureuse débouchant sur une polyphonie qui, en ralentissant, subit peu à peu un lent processus d'érosion. La disparition progressive des éléments rythmiques et mélodiques de cette polyphonie laisse la place à une écriture essentiellement harmonique issue de calculs de spectres et visant à explorer diverses combinaisons de timbres influencées par le travail de synthèse en studio.

Par un long processus non linéaire d'accélération, la partie centrale de la pièce permet de faire réapparaître les éléments constitutifs du début de l'œuvre. C'est la section la plus complexe sur le plan harmonique (utilisation extrême des micro-intervalles) et rythmique (modulations de tempo) ; elle peut être perçue comme une section de développement. Enfin, la dernière section s'apparente à la première, mais contient en elle-même les divers éléments apparus lors de son déroulement (cf. les structures fractales). Ces éléments interrompent le discours rythmique et agissent comme des signaux permettant de jouer sur la mémoire de l'auditeur. J'ai tenté, comme dans mes pièces antérieures, d'organiser la forme avec une volonté d'ambiguïté qui laisse à l'auditeur la possibilité de percevoir l'œuvre sous plusieurs angles selon son penchant à privilégier tel ou tel paramètre.

Philippe Hurel, programme du Festival Musica 96.