Klaus Huber (1924-2017)

Transpositio ad infinitum (1976)

pour un violoncelliste virtuose, sur le nom de Paul Sacher

  • Informations générales
    • Date de composition : 1976
    • Durée : 8 mn
    • Éditeur : Schott, nº ED 6684
    • Commande : Msitslav Rostropovitch pour les soixante-dix ans de Paul Sacher
    • Dédicace : A Paul Sacher
Effectif détaillé
  • 1 violoncelle

Information sur la création

  • Date : 1976
    Lieu :

    La Chaux-de-Fonds.


    Interprètes :

    Mstislav Rostropovich

Note de programme

En 1976 le violoncelliste Mstislav Rostropovich commandait à plus d'une dizaine de compositeurs une œuvre sur les lettres du nom de Paul Sacher, chef d'orchestre et mécène Suisse qui a consacré sa carrière à défendre la musique contemporaine (il a notamment commandé et créé la Musique pour Cordes Percussions et Célesta de Bartok), et qui fêtait ses soixante-dix ans. Boulez, Berio, Fortner, Henze, Britten, Ginastera, Halffter, Lutoslawski, Holliger, Dutilleux, ainsi que Klaus Huber, ont honoré cette commande.

Il fallait peut-être le motif d'un hommage pour que Huber se tourne un instant vers une musique quasi-pure. Une oeuvre où, en tout cas, et un certain temps, le procédé d'écriture prend le pas sur le message. Le principe d'écriture employé ici est une technique de transposition illimitée (d'où le titre) qui lui permet de multiplier la série initiale des hauteurs (eS A C H E Ré = mi bémol, la, do, si, mi, ) et la faire croître comme une fougère pousse : déroulant les spirales de ses frondes simultanément dans plusieurs directions.

Ainsi la série initiale produit 1111 notes, qui sont ensuite divisées en huit séquences dont le profil mélodique est relativement semblable ; séquences à jouer le plus vite possible (la commande spécifiait une pièce brève), et auxquelles sont associées sept modes de jeux différents (arco, pizzicato, spiccato, col legno, etc) qui vont en différencier la texture.

Mais comme Huber trouve alors que la « sémantique structurelle » a trop pris le pas sur l'expression de sa sympathie pour Paul Sacher (qui lui avait commandé dès 1966 une œuvre d'orchestre : Tenebrae), il interpole quatre fragments méditatifs dans le cours de cette mélodie infiniment transposée. Quatre passages qui sont liés aux lettres du prénom du dédicataire, P A U L, les deux consonnes donnant lieux à des épisodes lyriques (P-iano dolce con espressione, L-ento, molto espressivo), les deux voyelles aux passages les plus mystérieux de cette étrange pièce, l'un entièrement écrit en harmonique, l'autre en subharmoniques (A-liquote, U-ntertöne). La petite histoire raconte d'ailleurs que Rostropovitch découvrit à cette occasion comment produire certains sons aigus inconnus de lui.

Marc Texier, notice du CD Una Corda 201 652