Henri Dutilleux (1916-2013)

Trois Strophes sur le nom de Sacher (1976)

pour violoncelle solo

  • Informations générales
    • Date de composition : 1976
    • Durée : 9 mn
    • Éditeur : Heugel
    • Commande : Msitslav Rostropovitch pour les soixante-dix ans de Paul Sacher
    • Dédicace : à Mstislav Rostropovitch
Effectif détaillé
  • violoncelle

Information sur la création

  • Date : 28 avril 1982
    Lieu :

    Suisse, Bâle


    Interprètes :

    Mstislav Rostropovitch.

Titres des parties

  • Un poco indeciso ;
  • Andante sostenuto ;
  • Vivace.

Note de programme

En 1976 Mstislav Rostropovitch demandait à douze compositeurs, dont Henri Dutilleux, d'écrire chacun un hommage pour violoncelle seul sur les lettres du nom Sacher, à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de Paul Sacher qui, pendant plus de cinquante ans anima et dirigea l'Orchestre de chambre de Bâle, faisant connaître et créant de nombreuses œuvres de musique contemporaine.

En 1982 Henri Dutilleux a donné un prolongement à son hommage en y ajoutant deux autres pièces « Ces trois strophes sont nées d'un besoin et non d'une véritable commande ».

Elles sont dédiées à Mstislav Rostropovitch qui en donna la première audition à Bâle le 28 avril 1982.

Cette courte suite de trois mouvements : Un poco indeciso, Andante Sostenuto, Vivace, est élaborée à partir de trois éléments générateurs : le violoncelle, le nom de Sacher et le principe de la strophe.

– Le violoncelle est un instrument privilégié dans l'œuvre d'Henri Dutilleux, jusqu'ici son emploi le distinguait dans l'orchestration, puis en confrontation avec l'orchestre dans le concerto Tout un Monde lointain et en musique de chambre.

Ce solo permet de mettre particulièrement en évidence toute l'éloquence de son timbre ainsi que les spécificités de son univers sonore... avec une particularité :

– Les deux dernières cordes sont accordées différemment de l'accord traditionnel, de ce fait le registre grave de l'instrument se trouve prolongé, et l'espace sonore agrandi.

– L'hommage à Sacher est doublement présent :

a) Par les six lettres S.A.C.H.E.R. traduites musicalement, selon la notation germanique ; b) Par la brève citation, à la fin de la première strophe de : Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartók, que Paul Sacher commanda et dirigea pour la première fois à Bâle en 1937.

– Le titre : Strophe est un élément structurel, son principe est exprimé par une idée de retour, de rime, confiée aux six notes S.A.C.H.E.R. liens entre chaque strophe, et élément-référence, rime qui trouve son écho dans des procédés contrapuntiques de miroir, ou dans un jeu de résonance avec des éléments temporaires mis en relief par leur dynamique. Enfin la coupe de la phrase, brève, incisive, souvent terminée par un trait rapide quasi cadenza qui lui donne un lyrisme particulier.

Si la strophe donne forme au poème et libère l'expression de son lyrisme, ici, le violoncelle se fait lyre, du compositeur et de l'interprète, car ces trois strophes sont œuvre de virtuose dans le sens le plus créatif du terme : Etablir à travers la hardiesse de la technique instrumentale, la prépondérance du discours musical.

Françoise Levéchin.