Marc-André Dalbavie (1961)

Interludes I (1984)

cinq pièces pour violon solo

  • Informations générales
    • Date de composition : 1984
      Dates de révision : 1988
    • Durée : 40 mn
    • Éditeur : Jobert, Paris
    • Commande : Bach Akademie, Süddeutscher Rundfunk
    • Dédicace : à Pierre Boulez
  • Genre
    • Musique soliste (sauf voix) [Violon]
Effectif détaillé
  • violon

Information sur la création

  • Date : 1984
    Lieu :

    Paris, Radio France et théâtre du Rond-Point


    Interprètes :

    Saschko Gawriloff.

  • Date : 8 septembre 1988
    Lieu :

    Allemagne, Stuttgart, festival (mouvements IV et V)


    Interprètes :

    Saschko Gawriloff.

Note de programme

Interludes est une partition pour violon solo, à l'image d'une Partita de Jean-Sébastien Bach, et divisée en cinq mouvements. Cette pièce peut être exécutée soit partiellement en combinant certains mouvements, soit intégralement. Dans ce dernier cas, la pièce demande à l'instrumentiste un effort particulièrement important puisqu'elle dure dans son intégralité environ quarante minutes.

Lorsque Bach écrivit ses Partitas, il se trouvait devant un problème particulièrement difficile à résoudre : comment faire un contrepoint avec un instrument monodique ?

Le problème que j'ai rencontré lorsque j'ai composé cette oeuvre n'est pas sans rappeler celui du grand Cantor de Leipzig, à savoir l'opposition entre une technique d'écriture et les contraintes d'un instrument. Ma question était donc : comment faire en sorte qu'un instrument monodique sonne d'une manière non pas contrapuntique comme chez Bach, mais harmonique ? Cela m'était d'autant plus pénible que j'abordais pour la première fois l'écriture pour un instrument seul. Auparavant, seul l'orchestre symphonique, ou l'ensemble instrumental important, avait de l'intérêt pour moi. Je considérais les petites formations de chambre ou les instruments solistes comme des résurgences de la dramaturgie avant-gardiste des années cinquante, satisfaisant ainsi le désir des compositeurs de l'époque de combiner à l'infini leurs multiples séries d'intervalles, d'intensités et autres paramètres musicaux, tout cela sublimé par la « phraséologie » de l'interprète.

Le refus d'utiliser ces techniques « néo-tonales », et finalement très classiques de l'avant-garde, s'exprimait chez moi par la conquête du timbre, la prise en compte des volumes et des masses orchestrales ou électroniques, les dimensions émotives qu'elles suggèrent, l'enracinement debussyste et l'assimilation de la technologie moderne et du son numérique.

Le premier travail a donc été de débarrasser les mélismes monodiques du violon de la perception mélodico-dramatique si naturellement ancrée dans nos habitudes d'écoute. La phrase musicale dans cette pièce n'est donc pas expressive. Elle n'exprime rien. Elle n'a pas de contenu gestuel et n'a aucun sens en tant que telle : elle n'est qu'une étape d'un processus que la métamorphose d'un matériau sonore et n'existe que par celle-ci.

Marc-André Dalbavie.