Bernard Cavanna (1951)

Messe, un jour ordinaire (1993 -1994)

pour voix solistes, chœur et ensemble

  • Informations générales
    • Date de composition : 1993 - 1994
      Dates de révision : 1996
    • Durée : 30 mn
    • Éditeur : Éditions de l'Agité
    • Commande : Ministère de la Culture, France
    • Dédicace : à Laurence, Nathalie, Monique, Noëmi
Effectif détaillé
  • solistes : 2 sopranos solo [1 soprano lyrique et 1 soprano léger] , 1 ténor solo
  • chœur mixte
  • 1 clarinette (aussi 1 clarinette basse, 1 petite clarinette), 1 saxophone soprano (aussi 1 saxophone baryton), 1 trompette (aussi 1 trompette piccolo), 1 cor, 1 trombone, 1 orgue, 3 accordéons, 1 harpe, 2 percussionnistes, 1 violon, 1 contrebasse

Information sur la création

  • Date : 28 septembre 1994
    Lieu :

    France, Strasbourg, festival Musica


    Interprètes :

    Terence Roberson : ténor, Isa Lagarde : soprano, ensemble Les Jeunes Solistes, direction : Rachid Safir.

  • Date : avril 1996
    Lieu :

    France, la Rochelle


    Interprètes :

    Peggy Bouvret : soprano, Terence Roberson : ténor, Isa Lagarde, ensemble vocal de l'Abbaye-aux-Dames, direction : Michel Laplénie, Ensemble Ars Nova, direction : Philippe Nahon.

Note de programme

Messe, un jour ordinaire s’articule principalement autour de deux textes : celui du rituel de la messe (« l’Ordinaire de la messe », que l’on chante tous les jours) et la parole dérisoire de Laurence, jeune femme à la dérive, toxicomane ordinaire (aujourd’hui disparue), tirée d’un document filmé de Jean Michel Carré, « Galère de femmes ».

Elle met ainsi en présence une parole collective – parole véhémente, fracassante, sûre de ses valeurs, sûre de son ordre – et une parole individuelle, modeste, minime, humaine et négligeable.

Dans ce contexte tragi-comique et un peu graveleux les mots de la messe (chantés par le chœur et deux solistes éloquents) vont s’user au fur et à mesure de leur répétition jusqu’à se vider de leur sens et ne plus exprimer que quelques réflexes agressifs et conditionnés. « Rex ! Roi-roi, King ! Gloire  ! » « syndrome de la magnificence » caractéristique du groupe.

Le chœur et solistes seront soutenus par un orgue (écriture immuable et primitive), des cuivres tonitruants, une débauche de cloches et quelques pauvres traits d’accordéons.

« Fraîchement » sortie de prison, Laurence tente une série de démarches auprès d’une association caritative où elle obtiendra en consolation une paire de bottines presque à sa taille.  Sa voix est plus modeste, moins puissante, parfois dé-timbrée, bien plus proche des mots ; un violon précède, soutient ou commente ses mots. Ses demandes vont perturber et agresser le groupe jusqu’à déstabiliser le bon ordre de la liturgie.

A la dérive, de Heilig (Saint), Heiliger Geist (Saint Esprit), Heiliges Reich (Saint Royaume), Heiliges Fleisch (Sainte Viande) à une phrase de Klaus Barbie « Herr Präsident, ich habe nichts zu sagen » (Monsieur le Président je n’ai rien à dire) la liturgie se radicalise jusqu’à se détruire piteusement.

***

Enfin, sur quelques sons suspendus, la partition se repose sur des mots étranges et doux, simples et forts : « doucement, lorsque le jour monte, les ombres se mettent à danser secrètement, et la lune vertige, avance, à pas de ciel vers l’aube », mots écrits par Nathalie Méfano à qui cette œuvre est aussi une sorte d’hommage.

Bernard Cavanna