Alireza Farhang (1976)

Wīs o Rāmīn (2015 -2019)

pour flûte, clarinette, percussion et danse


œuvre scénique

  • Informations générales
    • Date de composition : 2015 - 2019
    • Durée : 20 mn
    • Commande : Ensemble HANATSUmiroir
Effectif détaillé
  • flûte, clarinette, percussion

Information sur la création

  • Date : octobre 2015
    Lieu :

    France, Strasbourg


    Interprètes :

    Ensemble HANATSUmiroir, création de la première version

  • Date : juin 2019
    Lieu :

    France, Strasbourg


    Interprètes :

    Ensemble HANATSUmiroir

Note de programme

Wīs o Rāmīn est une pièce chorégraphique en trois tableaux qui peuvent être interprétés séparément, avec ou sans chorégraphie.

I. Nocturne
II. Éclipse
III. Bataille

Synopsis

« La mère de Wīs avait promis au roi Maubad de lui accorder la main de sa future fille. Elle l’oublie et la marie avec son frère Vīrou (il paraît que cela se faisait du temps de Zoroastre). Maubad vient l’enlever avant que l’acte nuptial ne soit consommé. Wīs se rebiffe et demande l’aide de sa nourrice. Celle-ci fait un talisman qui rend Maubad impuissant. Rāmīn, frère de Maubad, qui était aussi le frère de lait de Wīs, l’aperçoit pendant le voyage et en tombe éperdument amoureux. Il supplie la nourrice de l’aider à gagner le cœur de Wīs. Celle-ci d’abord réticente, accepte de le voir et tombe elle aussi sous le charme du jeune homme. Nous assistons alors à un véritable amour-passion. Les deux amoureux ne sont heureux qu’enlacés l’un à l’autre, ne peuvent vivre éloignés l’un de l’autre, bravent tous les dangers et tous les déshonneurs, clament parfois leur amour à la face même de Maubad, mais le plus souvent rusent et le trompent. Maubad lui-même est quelquefois prêt à tout pardonner, d’autres fois il entre dans une fureur folle et d’autres fois encore il est de nouveau prêt à croire en leur innocence. Après de nombreuses péripéties (à un moment Rāmīn se décide à partir et même à se marier, mais va revenir à Wīs), Maubad se tue à la chasse, Rāmīn devient son successeur et Wīs et Rāmīn vivent heureux ensemble jusqu’à leur mort. »

Origine

Wīs o Rāmīn est un roman d’amour que Fakhr-al-Dīn Gorgāni a écrit sous une forme poétique à Ispahan, entre les années 1049 et 1055. Ce qui distingue cette oeuvre littéraire des autres oeuvres de son genre, c’est son analogie surprenante avec Tristan et Iseut, le véritable prototype de tous les romans d’amour de la littérature française, rédigée au XIIème siècle, leur racine mythologique commune appurtenant à l’aire indo-européenne, comprenant le monde celtique et le monde pré-islamique de l’Iran et finalement son contenu narratif.

Bien que l’oeuvre ait été rédigée au XIème siècle, c’est-à-dire quatre siècles après l’apparition de l’Islam, quand certains tabous avaient été instaurés et que les écrivains et les poètes s’exprimaient avec certaine pudeur, cette oeuvre reflète ouvertement les habitudes et les rapports sociaux de l’époque pré-islamique, comme par exemple le mariage ancestral entre Wīs et son frère Vīrou, la relation passionnelle, amoureuse et à la fois physique de deux personnages principaux du roman.

La composition

De Debussy et Wagner jusqu’aux compositeurs les plus contemporains, la littérature et la poésie n’ont cessé d’inspirer les compositeurs à écrire des chefs d’œuvres. Wīs o Rāmīn est un ancien conte qui avant d’être rédigé en poésie, s’était transmis par tradition orale en langue Pahlwi. Il parle des coutumes, des rituels, des personnages, et des lieux qui, même pour l’auteur du roman, étaient parfois inconnus. L’enjeu artistique principal de ce projet est de représenter un récit ancien dans un contexte nouveau, avec les moyens technologiques et un langage artistique contemporain. Ce défit m’a mené à adopter une stratégie pour se détacher du poids du contenu narratif du texte tout en restant fidèle à l’essence des émotions et des notions du récit. Quatre tableaux les illustrent et les musiciens y participent avec leur gestes physiques, sans hésiter à prononcer quelques fragments du texte.

L’amour, la peur, le regret, la colère, l’angoisse que les personnages du roman ressentent sont partagés avec le spectateur par le biais de la musique et du gestes des interprètes. L’essence des notions, des rituels et des traditions dont nous lisons dans le texte est aussi exposée par la musique.


Mot, son et geste. Trois éléments au cœur de la conception artistique de l’œuvre. Transmettre une émotion un geste vocal ou un geste physique, constitue une source d’inspiration afin de réaliser ce projet musical. La dimension conceptuelle du thème laisse une grande marge de liberté afin de projeter des idées artistiques plus abstraites et moins contraignantes. Le geste, comme l’élément moteur de la musique et du visuel fait donc partie intégrante de la conception du projet. Cet élément, dans son état virtuel, conçu au moment de l’écriture de la pièce jusqu’à sa réalisation par les musiciens, a une place privilégiée tout au long du projet. Lors de la composition de la pièce la conséquence sonore et visuelle de chaque geste est tenue en compte. Au cours de cette phase, la collaboration étroite avec les musiciens est donc primordiale.

L’effectif de ce trio offre une palette riche de sonorités qui est le résultat de la combinaison du son pur, le bruit de souffle, avec le son des instruments de percussion tantôt de hauteurs déterminées et tantôt de hauteurs indéterminées. Les mots ont une place privilégiés dans la composition musicale de la pièce. Les interprètes étant considérés comme les protagonistes de la scène, leur voix n’est pas exclue dans ce processus.