Stefano Gervasoni (1962)

Capriccio ostico (2017)

pour ensemble

  • Informations générales
    • Date de composition : 2017
    • Durée : 17 mn
    • Éditeur : Suvini Zerboni
    • Commande : Lemanic Modern Ensemble
Effectif détaillé
  • flûte (aussi flûte alto), hautbois (aussi cor anglais), clarinette (aussi clarinette basse), basson (aussi contrebasson), cor, trompette, trombone, 2 percussionnistes, piano, 2 violons, alto, violoncelle, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 13 janvier 2018
    Lieu :

    France, Paris, Centre Pompidou


    Interprètes :

    Lemanic Modern Ensemble, William Blank, direction.

Observations

Écouter l'enregistrement de la création, https://medias.ircam.fr/xf63aa1

Note de programme

Le terme italien ostico pourrait se traduire par « ardu », « problématique », « subtil », « laborieux », « grave », « éprouvant », « exigeant ». Et c’est exactement ce que je travaille dans ce Capriccio : la non-fluidité, la résistance. Cela passe tour à tour ou tout à la fois par le choix du matériau musical structurant ou de la matière sonore explorée, des gestes instrumentaux adoptés ou des modes de jeux employés… toujours les musiciens butent sur un obstacle qui les empêche de s’installer dans un quelconque confort interprétatif : ici, rien ne « coule » naturellement, rien ne « tombe sous les doigts ».

Cette volonté « d’inconfort interprétatif » s’inscrit dans une démarche plus vaste de considérer tout ce qui résiste et/ou canalise la pensée musicale du compositeur comme une source de tension signifiante. Il ne s’agit donc pas de créer des situations à la limite de l’impossibilité (de jeux, ou de discrimination perceptive) mais de monter le niveau d’exigence et d’attention afin de créer une situation d’écoute générale, de la part aussi bien du public que des interprètes, susceptible de faire surgir une dimension expressive particulière. Le maître mot ici est le « plaisir de l’effort », par opposition au « plaisir du confort » qui devient, en art, signification neutre, ou stérilisation de l’expression. Mais cet inconfort doit valoir comme une incitation au voyage, quand bien même périlleux.

Les doigts des musiciens glissent alors sur des notes sournoises, issues d’une écriture musicale qu’on dirait perfide. Les textures sonores s’étalent de manière inouïe et les oreilles s’aiguisent en les mettant en oeuvre, en cherchant le juste équilibre entre elles dans leur révélation aux auditeurs. Car les auditeurs aussi seront pris dans cet effort collectif qui rend l’expérience de l’écoute revigorante, aventureuse, rêveuse, dense de secrets à découvrir lors des écoutes qui vont suivre et que cette révélation doit toujours relancer. L’insignifiant devient signifiant, et, peu à peu, important, crucial, indispensable…

Stefano Gervasoni.

Note de programme du concert du 13 janvier 2018 au Centre Pompidou.

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