Jean-Luc Fafchamps (1960) Daniele Ghisi (1984) François Sarhan (1972)

BUG (2017)

quatuor à corps

œuvre électronique, Ircam
œuvre scénique

  • Informations générales
    • Date de composition : 2017
      Dates de révision : 2017
    • Durée : 1 h 10 mn
Effectif détaillé
  • 2 acteurs, 2 actrices

Information sur la création

  • Date : 4 juin 2017
    Lieu :

    (Préfiguration) France, Bétheny, Césaré – Centre national de création musicale


    Interprètes :

    Pierre Dherte, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Candy Saulnier, Adèle Vandroth, acteurs ; Ingrid von Wantoch Rekowski, mise en scène ; Christine Grégoire,
 scénographie ; Régine Becker,
 costumes ; Bart Aga, création sonore ; Hans Meijer, lumière.

  • Date : 6 juin 2017
    Lieu :

    (Création) Belgique, Bruxelles, Brigittines - Centre d'art contemporain du mouvement de la ville de Bruxelles.


Information sur l'électronique
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Grégory Beller, Benjamin Lévy

Note de programme

 

Synopsis

Un repas en famille. L’atmosphère est paisible. Le père, la mère, le fils, bercés par leurs ritournelles, leurs mouvements répétitifs et leurs leitmotivs, tissent patiemment leurs liens. Arrive l’Autre, avec son « inquiétante étrangeté ». À quatre, une nouvelle composition s’engage. Finie la belle harmonie. Le « bug » fait son oeuvre, exigeant de chacun un renouvellement de son jeu. S’appuyant sur quatre interprètes aussi inventifs que talentueux, Ingrid von Wantoch Rekowski a également demandé à trois compositeurs de mêler leurs jaillissements au processus en cours, le tout avec la complicité de l’Ircam. Poursuivant son exploration des potentialités du théâtre musical, elle s’attache ici à réviser pour les corps l’univers du quatuor à cordes.

La famille

La famille. Le groupe social de plus petit dénominateur commun. Lieu de dissonances et de recherche d’harmonies. D’enfermement et de monstruosités tels que dans les romans et nouvelles de Kafka. En composition, décomposition et recomposition perpétuelles. On croit la connaître, on ne la connaît jamais vraiment. Le cinéma, la littérature et les séries télévisées l’évoquent si régulièrement qu’on en oublie parfois qu’elle peut aussi être un fabuleux terrain de jeu(x) et d’expérimentations pour le théâtre.
Ingrid von Wantoch Rekowski, qui a souvent mis en scène, en tableau, le comportement de l’être humain en société, devait, de toute évidence, un jour ou l’autre, en faire l’objet privilégié de ses recherches plastiques, musicales et théâtrales. La disséquer, l’amadouer, la retourner pour voir ce qu’elle a dans le ventre, derrière la tête, cette famille, objet d’amour, de haine, de bien-aise et de mal-être. À sa façon. De théâtre pour les oreilles et de musique pour les yeux. Loin de toute psychologie, en complicité avec quatre comédiens et trois compositeurs, elle est partie à l’aventure, à la recherche de ce qui s’y joue, s’y répète, s’y énonce et s’y cache. Qui est, là, enfoui dans les cerveaux, les corps, les gestes et les paroles, dans les habitudes et les rituels. Qui est mis en branle le jour où arrive l’intrus(e) qui transforme le trio en quatuor. Dérègle le mécanisme des alliances tacites, crée un bug familial comme dans Théorème de Pier Paolo Pasolini ou Sitcom de François Ozon. Sur scène, les membres de ce quatuor jouent ensemble, en solo, en duo ou en trio lors d’un repas où la famille, d’une façon insolite, se révèlera telle qu’en elle-même. Comme si les gestes étaient passés à la loupe, amplifiés, décortiqués, répétés et les mots tus, cachés, avalés, révélés par une caisse de résonnance. Comme si les murs avaient des oreilles et une bouche pour dire ce qu’ils ont entendu dans le silence de la salle à manger.
À l’origine de ce spectacle, la famille mais aussi une forme musicale similaire par bien des aspects. Une forme musicale qui dépasse le jeu individuel dans l’intérêt du collectif, de l’unité. Une forme à la fois traditionnelle et toujours contemporaine : le quatuor à cordes. Qu’Ingrid von Wantoch Rekowski, avec malice poétique, a transformé en quatuor à corps. Pour cela, elle a demandé à Jean-Luc Fafchamps, Daniele Ghisi et François Sarhan d’écrire des partitions à partir du travail de la voix, des sons et des mouvements des comédiens. En collaboration, avec l’Ircam et sa technologie de pointe, ils ont composé des quatuors pour famille nucléaire et un(e) intrus(e) qui, partie prenante de la narration, cristallisent des moments d’émotions, de disputes, de folie et perturbent le bon déroulé du repas. Du travail en commun des acteurs, des compositeurs et de la metteuse en scène est né ce micro-opéra d’un nouveau type au langage physique, poétique, drôle et musical qui va tenter de résoudre l’énigme du bug survenu dans une famille presque comme les autres.


Michel Zumkir.
Note programme du spectacle du 22 juin 2017 au Centre Pompidou dans le cadre du festival ManiFeste.