Unsuk Chin (1961)

Rocaná (2008)

pour orchestre

  • Informations générales
    • Date de composition : 2008
    • Durée : 21 mn
    • Éditeur : Boosey & Hawkes
Effectif détaillé
  • 3 flûtes (aussi 1 flûte piccolo, 1 flûte alto), 3 hautbois (aussi 1 cor anglais), 3 clarinettes (aussi 1 clarinette basse), 3 bassons (aussi 1 contrebasson), 6 cors, 4 trompettes, trombone, 2 trombones basse, tuba, timbales, 4 percussionnistes, harpe, piano (aussi célesta), 16 violons, 14 violons II, 12 altos, 10 violoncelles, 8 contrebasses

Information sur la création

  • Date : 3 mars 2008
    Lieu :

    Canada, Montreal, Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts


    Interprètes :

    l'Orchestre symphonique de Montreal, direction : Kent Nagano.

Note de programme

Le titre vient du sanskrit et veut dire espace de lumière. Pour moi ce titre n’a aucune signification religieuse ou mythologique. En revanche il se rapporte par plusieurs aspects au caractère de l’œuvre et aux techniques de composition utilisées. Dans Rocaná, j’ai voulu traiter des propriétés des rayons lumineux – de leurs déviations et décompositions, de leurs réflexions et mouvements d’ondes. Il ne s’agit pas ici de pure illustration mais bien de leur représentation par des moyens musicaux : de « l’art [comme] harmonie parallèle à la nature. » (Cézanne). Les ondes sonores – en tant que phénomène physique immatériel – ressemblant aux ondes lumineuses, la musique est un moyen approprié pour la « traduction » des phénomènes lumineux. On peut aussi transcrire d’autres phénomènes physiques, comme la profondeur ou la densité d’un espace, les représentations et les illusions spatiales de toutes sortes par des moyens compositionnels. J’aimerais évoquer encore une autre source d’inspiration extra-musicale : les installations The Weather Project ainsi que Notion Motion de Ólafur Elíasson.

La musique dans Rocaná est en flux continu. L’impression d’ensemble et la structure générale forment une unité, une sculpture sonore, que l’on peut cependant observer sous les angles les plus divers, car les structures internes sont en mutation perpétuelle. Même si la musique donne parfois une impression d’immobilité, de subtiles impulsions, interactions et réactions continuent à exister. Certains éléments reviennent de façon récurrente mais toujours sous une forme variée. Ils ne sont pas développés mais s’enchaînent sans interruption et se fondent, créant de nouvelles interactions et de nouveaux processus. Des structures ordonnées entrent abruptement dans des phases de turbulences et inversement. Des structures pointillistes se diluent dans des nuées sonores et inversement. Ces processus sont souvent caractérisés par une auto-ressemblance (dans le sens de la théorie des fractales).

La nomenclature de l’orchestre est plus ou moins conventionnelle, mais j’ai essayé de traiter l’orchestre comme une « machine à illusions » virtuose qui, partant du familier, crée du nouveau. Grâce à la combinaison des techniques instrumentales les plus diverses, au développement rythmique ainsi qu’à l’influence mutuelle de structures en harmoniques et de micro-intervalles, j’obtiens des mutations et des transpositions de timbre, faisant alterner en un jeu les phénomènes de lumière et de couleur.

Pour l’auditeur, ce ne sont pas tant les structures décrites ou les sources d’inspiration qui sont décisives que l’expérience de la musique comme révélation immédiate.

Maris Gothoni.