Gérard Buquet (1954)

L'astre échevelé (2008 -2009)

pour saxophone soprano et dispositif électronique

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2008 - 2009
    • Durée : 13 mn
    • Éditeur : édition du compositeur
    • Commande : Ircam-Centre Pompidou
  • Genre
Effectif détaillé
  • soliste : 1 saxophone

Information sur la création

  • Date : 6 novembre 2009
    Lieu :

    France, Paris, Ircam, Espace de projection


    Interprètes :

    Marcus Weiss.

Information sur l'électronique
Information sur le studio : Ircam
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Robin Meier
Dispositif électronique : dispositif électronique non spécifié

Note de programme

Cette pièce – inspirée de L'enclume des forces d'Antonin Artaud – est la troisième du triptyque consacré aux relations entre art et maladie mentale. La première pièce du cycle, Surimpressions, pour percussion et électronique (créée par l'Ensemble Modern à Francfort en 2006), s'inspire du poème Nur Narr! Nur Dichter! de Nietzsche. La deuxième, Die Malerin von Bellevue, pour six voix et six instruments (écrite pour le Klangforum et la Scola Cantorum d'Heidelberg), se fonde sur la vie et des textes d’Elsa Blankenhorn (conservés aux archives de la collection Prinzhorn à Heidelberg).

L’Astre échevelé, dédiée à Marcus Weiß, a été réalisée dans les studios de l’Ircam, en collaboration avec Robin Meier pour la réalisation informatique musicale.

L’Astre échevelé est un concerto pour saxophone et orchestre virtuel ; un orchestre avec des parties instrumentales (pré-enregistrées) mais qu’il serait impossible de faire jouer en situation de concert en raison notamment d’enchaînements rapides de multiphoniques pour le saxophone, d’un dispositif trop complexe á gérer in situ pour les harpes préparées et de fréquents changements de timbre pour les ondes Martenot.

Ces sonorités orchestrales inédites sont étendues à certains passages de la pièce par une orchestration de multiphoniques de saxophones modélisés grâce au programme Orchidée développé à l’Ircam par Grégoire Carpentier.

Cet orchestre est également transformé électroniquement de manière graduelle.

Créer une relation étroite entre timbre et espace a été un élément fondamental dans l’élaboration de ce projet musical qui s’est traduit par l’utilisation conjointe de la Timée (cinq haut-parleurs multidirectionnels) et du spatialisatateur Ircam (huit haut-parleurs aux pourtours de la salle). Mon travail de composition s’est appuyé sur cette matrice de diffusion du son, en imaginant une sorte de poumon sonore souple se dilatant de
manière variée dans l’espace à partir du centre sonore du saxophone solo.

S’établissent donc au cours du déroulement de l’œuvre des relations organiques entre, d’une part, les passages du solo à l’orchestre et, d’autre part, les passages de la source sonore du saxophone à un espace omnidirectionnel.

Je tiens à remercier chaleureusement toute l’équipe de l’Ircam qui m’a permis de réaliser ce projet : Robin Meier, les ingénieurs du son Jérémie Henrot, Sylvain Cadars, Sébastien Naves et David Poissonnier ainsi que les musiciens ayant participé aux enregistrements : Jérôme Comte : clarinette basse, Eva Debonne : harpe préparée, Jérémie Dufort : voix de basse, Nathalie Forget : ondes Martenot, Elisa Humanes : percussions, Frédéric Stochl : récitant, Marcus Weiß : saxophones.

Gérard Buquet.


Le texte d’Antonin Artaud intervient par fragments enregistrés par Frédéric Stochl. Voici les extraits figurant dans la pièce :


Comme si toute l’eau du monde élevait l’orifice d’un puits. (...)

Une idée de désert plane sur ces sommets au-dessus desquels un astre échevelé flotte, horriblement, inexplicablement suspendu. Suspendu comme le bien dans l’homme, ou le mal dans le commerce d’homme à homme, ou la mort dans la vie. Force giratoire des astres. (...)

Tous ces reflux commencent à moi. (...)

Un bloc, un immense bloc faux me sépare de mon mensonge. Et ce bloc est de la couleur qu’on voudra. (...)

Moi aussi j’espère le gravier céleste et la plage qui n’a plus de bords. Il faut que ce feu commence à moi. (...)

J’ai absence de météores, absence de soufflets enflammés. Je cherche dans mon gosier des noms, et comme le cil vibratile des choses. (...)

Moi aussi je n’attends que le vent. Qu’il s’appelle amour ou misère, il ne pourra guère m’échouer que sur une plage d’ossements.


Extraits de L’enclume des forces d’Antonin Artaud, dans L'art et la mort in Œuvres (collection « Quarto ») © Éditions Gallimard.

Gérard Buquet, programme de la création, Ircam, 6 novembre 2009.