Hugues Dufourt (1943)

Rastlose Liebe (2000)

pour piano

  • Informations générales
    • Date de composition : 2000
    • Durée : 10 mn
    • Éditeur : Lemoine
Effectif détaillé
  • 1 piano

Information sur la création

  • Date : 15 avril 2000
    Lieu :

    Radio France


    Interprètes :

    Ader Alice

Note de programme

La chanson dans le ton populaire — le Volkslied — existait bien avant Schubert, notamment en Allemagne du Nord. Et la musique savante pratiquait, pour sa part, le lied polyphonique ainsi que le lied à une seule voix, avec accompagnement harmonique. Schubert sut réunir les deux traditions et les fondre en un seul creuset. On a même voulu dater la naissance du Lied allemand de ce 19 Octobre 1814, jour où Schubert composa Marguerite au Rouet, sur un texte de Goethe. Schubert avait alors dix-sept ans.

On sait l'importance de Goethe pour Schubert, qui trouva chez le poète ampleur et radicalité. Mais Schubert ne chercha pas à redire en musique ce que la poésie avait déjà dit. Il sut exprimer au contraire ce qu'elle n'avait jamais pu formuler. Le Lied schubertien montre le déchaînement des puissances élémentaires, découvre des horizons indifférents, il porte le poids du monde et conte l'errance, la solitude et le délaissement.

Rastlose Liebe — Amour sans trêve —, fut composé en 1815 sur un poème de Goethe et publié parmi les lieder dédiés à Salieri. On y trouve le ton fondamental des lieder. Il s'agit d'un mélange indissociable d'exaltation, de révolte, d'aspiration à un ailleurs et de sentiment d'étrangeté. Départ perpétuel et course folle. Sans trêve ni repos.

Schubert prend ses distances d'avec le poème et ne cherche plus à épouser le rythme prosodique. La musique y devient le vrai protagoniste. Schubert applique au Lied la technique beethovénienne de « l'accompagnement obligé », où tous les éléments de l'écriture musicale concourent à l'effet d'ensemble ainsi qu'au caractère organique de la structure. Plus tard, le Lied s'affirmera comme un genre indépendant du texte et imprégnera toute la musique romantique, de l'opéra à la symphonie, comme à la musique de chambre. Mendelssohn écrira ainsi les Romances sans paroles.

De l’original, j'ai surtout retenu le caractère torrentiel. Aujourd'hui, la vérité du Lied est dans le séisme.

Hugues Dufourt, éditions Lemoine