Ces trois esquisses sont pour Jonathan Harvey l’occasion d’explorer en profondeur les possibilités du violoncelle. Écrites pour Frances-Marie Uitti, elles sont, nous dit Jonathan Harvey, directement inspirées par l’« extraordinaire virtuosité créatrice » de la violoncelliste, avec laquelle il a creusé sans relâche, ce qui, dans le jeu de l’instrument, peut donner au discours les allures de l’improvisation.

Très sensible au timbre et à la voix du violoncelle (il est lui-même violoncelliste de formation), Jonathan Harvey lui fait endosser successivement une multitude de rôles, gestes fantasques bien loin de l’image du lyrisme de haut vol que le répertoire du XIX^e siècle a pu véhiculer : « rythmique, rude et âpre, folklorique et paysan, à la manière d’une viole baroque, spirituel et éthéré, friand de curiosités artistiques. »

Jonathan Harvey renforce ce sentiment de légèreté, d’imaginaire et de caprices fantaisistes par une scordatura fort originale : tout d’abord, la corde de sol de l’instrument est remplacée par une deuxième corde de ré. Les deux cordes centrales sont donc accordées à l’identique, du moins dans la première esquisse. Dans la deuxième, ces deux cordes de ré sont légèrement désaccordées. Et dans le troisième, les deux cordes basses (qui sont donc respectivement une corde de do et une corde ré, une neuvième au-dessus) sont désaccordées en parallèle en si bémol et do, un neuvième au-dessus.