Yannick Plamondon (1970)

Black Lake (1994)

pour grand orchestre

  • Informations générales
    • Date de composition : 1994
    • Éditeur : pas d'éditeur

Information sur la création

Note de programme

Plusieurs évènements entrent en ligne de compte, lorsque je me questionne sur ce que j'ai voulu exprimer dans cette cette pièce.

Outre le fait que sa composition relevait directement des exigences de mon programme études, il m'est impossible de croire que seul ce paramètre était suffisant.

Je me rappelle avoir à priori désiré rendre hommage au film de Claude Jutras « Mon oncle Antoine » : L'atmosphère poétique qui se dégage de la ville de Back Lake où fut tourné le film, je trouvais formidable que cette ville que je n'ai jamais visitée, continue, bien après le visionement du film, à vivre et se développer dans mon imagination, l'oeuvre évoque assez bien le genre de sentiment existentiel qui m'animait à l'époque. Je me percevais comme une sorte de voyageur imaginaire, par conséquent : statique.

J'ai par la suite appris que la ville de Black Lake était menacée de disparaître car la mine qui constitue son principal pilier économique s'épuise et devient de moins en moins justifiable sur le plan économique. Parallèlement sont venues les contrariétés politiques menaçant l'avenir des conservatoires de musique du Québec. Ce dernier événement, où je me trouvais dans une position privilégiée,(comme militant et porte-parole des étudiants) m'a permis de mieux comprendre l'incroyable niveau de bêtise qu'une bande d'administrateurs en plein «power trip» peut atteindre.

D'un autre côté je prenais pleinement conscience de l'absence de considération sociale que le Québec réservait à cette classe d'artistes dont je faisais désormais partie. (Musique classique)

Exercer mon engagement social (porte-parole) dans ce contexte avait quelque chose de vraiment schizoïde : avec le temps je prends vraiment conscience qu'il s'agissait là de ma première véritable déception patriotique, et ce paradoxe demeure encore et toujours une de mes préoccupations esthétique et identitaire.

Fort de ce ce paradoxe bousculant mon esprit et mes valeurs, j'avais à ma portée toute l'intensité nécessaire pour justifier une prise de parole symbolique, il en ressort la composition de cette pièce.

Yannick Plamondon, site personnel du compositeur, février 1998