Klaas de Vries (1944)

De Profundis (1992)

pour grand orchestre à vent, 2 harpes, piano et 6 percussions

  • Informations générales
    • Date de composition : 1992
    • Éditeur : pas d'éditeur

Information sur la création

  • Date : 20 mars 1992
    Lieu :

    festival Ars Musica, Maison de la radio, Studio 4 Flagey, Bruxelles


    Interprètes :

    Harmonie Orkest van het Rotterdams Conservatorium, direction: Arie van Beek

Note de programme

De Profundis pour grand orchestre à vent, 2 harpes, pianos et 6 percussionnistes achève une tétralogie où des conceptions sur la tradition musicale et l'innovation sont constamment confrontées à des thèmes universels comme le présent et le passé, la vie et la mort. La première partie du cycle intitulée « Diafonia - la creacion », illustre un mythe de genèse et de naissance en provenance d'Amérique latine. La deuxième partie s'intitule « ...Sub nocte per umbras... » d'après le voyage d'Enée aux Enfers selon Virgile, et met en scène un cortège de spectres musicaux revenant du passé. Dans la quatrième partie, De profundis, il s'agit surtout du thème de la lutte, principalement de la lutte contre l'inévitable (la mort). L'idée du combat, « partir en guerre », renvoie également aux origines militaires de l'orchestre à vent. Dans certains passages, les percussions (6 petites caisses à timbre) font référence à cette origine en s'exprimant dans une musique qui rappelle le rythme cadencé de la marche. Sur le plan de la construction formelle, la lutte se concrétise dans une série de thèmes qui s'interpellent et se repoussent. Chacun de ces thèmes (ou « musiques ») tire son existence d'un processus impitoyable qui ne s'arrêtera qu'en provoquant une réaction opposée.

Le mouvement le plus frappant de l'oeuvre est celui de la gamme ascendante ; elle émerge littéralement des profondeurs (De Profundis). A ce mouvement répondent des accords stables à colorations toujours changeantes qui, par quatre fois, ponctuent la pièce en prenant la forme d'une forte exclamation (« exclamatio », « tutta forza ») mais aussi un élément contemplatif : une note stable (sol) qui revient constamment dans des harmonisations chaque fois différentes. Ce dernier élément veut, par la même occasion, rendre hommage à Stockhausen dont la pièce Inori se faufile avec entêtement dans toutes mes compositions.

Comme je le fais depuis pratiquement dix ans, je m'attache ici aussi à combiner le diatonique et le chromatisme de manière à laisser remonter des éléments tonals sans faire appel aux « citations » ou au « style néo ». Au contraire, j'ai surtout visé à un enrichissement par rapport au nivellement que peut entraîner un chromatisme absolu. Autrement dit, j'ai voulu « renouveler l'ancien ». Par moment, De profundis est d'une écriture très virtuose pour tous les instruments (y compris les cuivres) ; la complexité même de l'oeuvre s'avère très exigeante pour les musiciens. C'est dans cet aspect que De profundis s'écarte de la tradition éminemment respectable de la composition pour harmonie, qui généralement tient compte d'une distribution moins professionnelle dans ces formations. Ce fut pour moi l'aspect le plus spéculatif et donc le plus passionnant de cette composition, puisque l'avenir dira si l'objectif est réalisable, ou si certains paris dépassent ce qui est faisable.

Klaas de Vries, programme Ars Musica 92