Claude Vivier (1948-1983)

Prologue pour un Marco Polo (1981)

pour soprano, alto, ténor, baryton, basse et ensemble

  • Informations générales
    • Date de composition : 1981
    • Durée : 24 mn
    • Éditeur : Boosey & Hawkes
    • Commande : Radio Canada Montréal (CBC)
    • Dédicace : à Thérèse Desjardins
    • Livret (détail, auteur) :

      Paul Chamberland et Claude Vivier

Effectif détaillé
  • solistes : soprano solo, contralto solo, ténor solo, baryton solo, basse solo
  • 6 clarinettes, 2 percussionnistes, 4 violons, 3 violons II, 3 altos, 3 violoncelles, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 1 mars 1981
    Lieu :

    Canada, Montréal, QC, Radio-Canada


    Interprètes :

    l'Ensemble instrumental de Radio-Canada, direction : Lorraine Vaillancourt.

Observations

  • Tous les chanteurs jouent aussi des petites percussions.
  • Enregistrement : Schönberg Ensemble, ASKO Ensemble, direction : Reinbert de Leeuw, Susan Narucki, 1 cd Philips 454 231-2.

Note de programme

Un regard mélancolique par le drame de Marco-Polo et surtout une méditation par un état d'être, l'état du chercheur incompris ; c'est tout cela que ce Prologue pour un Marco-Polo.

« Un prologue à ce mystérieux Marco Polo parle plus de l'intériorité de Polo que de ses voyages. Trois niveaux de langage sont utilisés : le français littéraire, une langue qui parle plus de Polo qu'elle ne le fait parler et aussi une langue qui, par l’écriture musicale, nous guide vers une autre langue : la langue inventée et cette langue est surtout celle de l'incomprehension générale à laquelle se buta le pauvre Marco… enfin un troisieme niveau : une discussion des deux protagonistes de l'œuvre, le compositeur et l'auteur, sorte de réflexion en temps sur un être hors-temps. Par là s'établit aussi une brisure dans le flot musical, brisure d'un état de grâce de la musique et prise de conscience du monde réel, non pas à cause du discours des deux auteurs, mais bien à cause du ton de la conversation, avec ses hésitations et son aspect humain. Quant à l'œuvre musicale, il s'agit d'une lente évolution, d'un moment monodique à un moment intervalisé, ensuite harmonisé, lequel ajoute des spectres harmoniques à la structure intervalisée elle aussi éclairée de spectres harmoniques. »

L'œuvre est en huit parties :

  1. Découverte du mot Zipangu qui, au temps de Marco Polo, signifiait Japon ;
  2. Grand choral et discours du Sage qui a un peu compris Marco Polo mais qui aussi s'en moque ;
  3. Appel de Zipangu. Tristesse, une terre aperçue mais pas atteinte ;
  4. Grand choral qui, d'un état anarchique, revient à une homophonic parfaite, le tout conduisant au solo du Magicien ; la structure s'est à nouveau défaite. Cette section culmine dans un demier appel de Zipangu ;
  5. Solo de la solitude de Marco Polo, précédé d'une introduction presque barbare. Solo superposé à la supplique amoureuse des quatre voix ; lentement la musique embroussaille Ie tout et devient l'état de grâce des visionnaires solitaires ;
  6. Vision claire et vertigineuse des ténèbres de la mort, de l'effacement de l’être ;
  7. Marco Polo aujourd'hui, une conversation, mais surtout des fruits : il n'est pas mort.
  8. Le testament de Marco Polo, un long solo toujours plus haut, la voie(x) de Dieu devenant presque la voie(x) de la folie.

Claude Vivier.