Karlheinz Stockhausen (1928-2007)

Aries (1977)

pour trompette et électronique

œuvre électronique

  • Informations générales
    • Date de composition : 1977
    • Durée : 15 mn
    • Éditeur : Stockhausen Verlag
    • Cycle : Sirius
    • Opus : 43 1/2
    • Dédicace : « Meinem Sohn Markus, zum 20. Geburtstag »
  • Genre
Effectif détaillé
  • trompette

Information sur la création

  • Date : 8 août 1977
    Lieu :

    France, Aix-en-Provence, festival


    Interprètes :

    Markus Stockhausen.

Information sur l'électronique
Dispositif électronique : sons fixés sur support, spatialisation (bande magnétique 8 pistes ou 2 pistes)

Note de programme

La saison Printemps, tirée de l'œuvre Sirius (1975-1977) se concentre tellement sur la trompette qu'elle peut être exécutée pour elle-même, en tant que solo avec bande ; sa durée est de 15 minutes environ (durée originale).

La trompette commence avec les trois derniers segments de la formule d'Ariès (provenant de ma composition Zodiaque) et, avec l'entrée de la musique électronique comportant la mélodie d'Ariès dans le rythme de Capricorn (Hiver), elle entonne une monodie semblable au langage sur des intervalles de hauteurs de son croissants, monodie dans laquelle elle insère de plus en plus souvent, tels des signaux, des segments de la mélodie d'Ariès dans le rythme original.Simultanément se déroule au sein de la musique électronique une métamorphose progressive du rythme de Capricorn dans celui d'Ariès et une accélération croissante qui fait se fondre la mélodie d'Ariès en une bande de sons dense, qui glisse peu à peu vers l'aigu et devient de plus en plus claire et sifflante. La couche se scinde en deux : I'une continue à glisser vers le haut et à s'accélérer jusqu'à ce que, par un bref renversement du tempo, des fragments d'Ariès avec un rythme fortement étendu soient reconnaissables dans l'aigu ; l'autre fait s'élever encore une fois du grave une bande de glissando ayant de façon de plus en plus nette un mélange de rythmes d'Ariès-Capricorn-Cancer avec la mélodie d'Ariès-Capricorn-Cancer ; cette bande cesse de glisser vers le haut une fois parvenue dans le registre moyen, I'étendue de sa mélodie se resserre continuellement jusqu'à ce qu'elle ne soit que d'une seconde mineure autour du la du milieu au bout de 3 minutes environ, et que, en raison du tempo très élevé, la mélodie vibre rapidement de façon périodique avec la durée de l'entière formule.

A ce stade, la trompette et la couche supérieure de la bande jouent la formule d'Ariès avec encore des irrégularités rythmiques - pour la première fois de façon synchrone. La trompette parvient au la et ralentit le rythme d'Ariès jusqu'à ce que celui-ci devienne un son continu. La couche supérieure de la bande joue maintenant la formule d'Ariès de façon très régulière et sur le son central du Printemps, le fa ; la seconde couche de la bande s'est réduite à un pur «la» du milieu, et son rythme est tout à fait périodique. L'intensité sonore s'est également peu à peu adoucie jusqu'au « piano », après le processus de transformation très fort et bouleversé.Dans la couche supérieure, le rythme d'Ariès se désagrège par bonds au cours de plusieurs cycles, et, dans la deuxième couche électronique, la périodicité du la ralentit en 1 minute 1/2 environ, de telle sorte que, de plus en plus, on perçoit les impulsions individuelles des trois rythmes additionnés de Cancer-Capricorn-Ariès, qui sont ensuite shuntés dans cet ordre jusqu'à ce que ne subsiste plus qu'une suite d'impulsions tout à fait périodique, ralentissant jusqu'à un la immobile. Après un moment du plus grand silence et du plus grand calme, la formule de Libra (Automne) apparaît d'une manière extrêmement faible en tant que mélodie de timbres sur le son fondamental immobile, qui, de façon infiniment lente, commence ensuite un accelerando d'accents ; et avec des sons isolés, des intervalles, des petites figures, des cantilènes de plus en plus longues, la formule d'Ariès s'éveille très progressivement à une nouvelle vie dans la trompette. L'intensité augmente lentement.La trompette joue et orne deux strophes de la formule de Taurus (2e formule du Printemps) et — après un intermezzo tissé continûment de la formule d'Ariès — une strophe de la formule de Gemini (3e formule du Printemps).Dans « l'accelerando » d'accents du la électronique, apparaît peu à peu le rythme d'Ariès, tout d'abord très déformé, et la mélodie de timbres (formants) aigüe se transforme de Libra en Ariès, jusqu'à ce qu'elle soit synchrone avec la mélodie de hauteurs fondamentales d'Ariès. Puis, à partir du la du milieu et par un élargissement continuel de l'étendue, la mélodie d'Ariès croît progressivement, mais avec un rythme encore si rapide et dans des nuées de sons qui, telles des flèches, passent de façon si fulgurante, que l'on ne peut qu'imaginer cette mélodie, jusqu'à ce qu'elle devienne finalement plus lente et plus claire, et que la trompette par moments, se synchronise avec elle de façon contrapuntique.Puis, à partir de 12 minutes 3/4 environ, la trompette et la musique électronique jouent tous les sons de la formule d'Ariès de façon exactement synchrone dans sa forme rythmique et mélodique originale, dans le tempo : noire = 120, et sur le son central fa.Alors que la bande joue quatre fois encore la mélodie d'un bout à l'autre, la trompette tait tout d'abord la formule d'Ariès, puis la met en relief de façon harmonique par des intervalles parallèles changeants, I'entoure ensuite, comme en dansant, dans un tempo un peu plus rapide, la double enfin de façon détendue dans le registre moyen et dans un tempo à nouveau plus calme.

Karlheinz Stockhausen, 15 décembre 1984.