Salvatore Sciarrino (1947)

Cantare con silenzio (1999)

pour six voix, flûte, percussion et électronique

œuvre électronique

  • Informations générales
    • Date de composition : 1999
    • Durée : 43 mn
    • Éditeur : Ricordi, Milan, nº 138428
Effectif détaillé
  • ensemble de voix solistes(soprano solo [], mezzo-soprano solo [], contralto solo [], ténor solo [], baryton solo [], basse solo []), flûte, percussionniste

Information sur la création

  • Date : 19 juin 1999
    Lieu :

    Allemagne, Stuttgart


    Interprètes :

    les Neue Vocalsolisten, Mario Caroli : flûte, direction : Manfred Schreier.

Information sur l'électronique
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Alvise Vidolin
Dispositif électronique : dispositif électronique non spécifié

Observations

Écouter l’enregistrement du concert Agora du 26 juin 1999 à l'Eglise Saint-Merri : https://medias.ircam.fr/x113fa4_cantare-con-silenzio-salvatore-sciarrino

Note de programme

Depuis peu, ma musique s'est davantage orientée vers une plus grande intensité expressive et une réduction de ses moyens. Une certaine amertume, résidu propre à l'expérience, l'imagination qui s'enflamme, que sais-je encore, mais ma musique veut de plus en plus se faire voix.Des mélodies et des récitations nouvelles, mais toujours touchantes, donc anciennes. Je ne parle pas de celles de nos grands-parents, mais de mélodies et récitations profondément anciennes, proches du lieu où l'expression se fait épouvante, et en même temps entièrement neuves. J'ai réussi à leur rapprocher uniquement la dureté du présent, les pierres battues, les détonations. Il s'agit d'un temps de silences et de déchirures, mais aussi de résonances cachées. Maintenant, nous pouvons chanter avec le silence, selon l'expression de Maddalena de' Pazzi.

La flûte solo génère des vibrations de grands instruments idiophones, qui ne sont jamais percutés. L'électronique fait sortir les vibrations de leurs tanières, les amplifiant jusqu'à une dimension perceptible : on tisse ce qu'on ne peut entendre, que ce soit de l'air ou du vent.Bien plus que d'autres, cette composition peut apparaître comme un rituel de réflexion ou une expérience de purification de la perception, pour mieux détecter les directions et les intermittences du temps et de l'espace. Ce n'est pas un hasard si le choix des textes est tourné vers la perspective morale de l'individu, vers la subjectivité du temps et l'interaction entre la mort et la vie, pour conclure par une cosmogonie de la science moderne.

Le mot moral ne doit pas surprendre. Il y a un passage indistinct et toutefois nécessaire à nous tous, où notre vie devient exceptionnelle si le courage de la création survient. Si nous voulons vraiment changer et pour atteindre la plénitude de ses possibilités, l'homme ancien et l'homme nouveau rentrent en jeu. Devenir meilleur. Chacun de nous doit le vouloir, pour faire naître déjà en nous-mêmes le dialogue. Nous n'avons pas d'autres armes contre les séductions de la banalité, contre l'assèchement du savoir et un monde qui devient de plus en plus froid.

Salvatore Sciarrino, programme du festival Agora 1999, Ircam-Centre Georges-Pompidou.