Lucia Ronchetti (1963)

Eluvion-Etude (1997)

pour alto, dispositif électronique en temps réel et prises de vues interactives

œuvre électronique, Ircam
Cursus Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 1997
    • Vidéo, installation (détail, auteur) : Judith Cahen : cinéaste, Alberto Sorbelli : plasticien
    • Durée : 7 mn
    • Éditeur : Ricordi
  • Genre
    • Musique soliste (sauf voix) [Alto]
Effectif détaillé
  • alto

Information sur la création

  • Date : 29 septembre 1997
    Lieu :

    Paris, Ircam, Espace de projection, Cursus de composition


    Interprètes :

    Pascal Robault.

Information sur l'électronique
Information sur le studio : Ircam, Cursus de composition et informatique musicale.
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Lucia Ronchetti, Marie-Hélène Serra (encadrement pédagogique), Richard Dudas (encadrement pédagogique)
Dispositif électronique : temps réel, dispositif multimédia (vidéo, lumière)

Observations

Enregistrement audio de la création à l'Ircam lors du Concert Cursus, 29 septembre 1997 : https://medias.ircam.fr/x72567b

Note de programme

Eluvion-Etude s'inspire du projet d'œuvre sur CD-Rom d'Alberto Sorbelli, Just from the Top, et en constitue la musique pour l'un de ses scènes : « la scène de la chute », chute tourbillonnante qui débute au cœur de l'œuvre et s'accompagne de visions de scènes potentielles.La musique d'Eluvion-Etude est construite à partir de l'idée du contrôle et de l'ornementation de la temporalité de cette chute. Elle se fonde sur l'analyse et l'exploration formelle d'un pizzicato sur la corde grave de l'alto. La dramaturgie du geste instrumental du pizzicato et les distorsions des progressions harmoniques qui en résultent, ont été à la source de la construction de la forme globale de la pièce. Le pizzicato constitue aussi le matériau fondamental de l'ensemble des transformations électroniques du timbre. Celles-ci utilisent différents programmes d'analyse et de synthèse de l'Ircam.

Le crescendo agogique, qui s'élargit progressivement pendant toute la durée de la pièce, s'articule selon des moments de contraction et de détente (adagio ; immobile, subacqueo ; mosso, sotterraneo ; riflesso ; mosso con trattenuti ; liquido, precipitando ; agitato sommesso ; implodendo ; violento, rapsodico ; immobile, come eco). Ceux-ci correspondent au dévoilement harmonique de la complexité texturale réalisée par les partiels du transitoire d'attaque du pizzicato. La partie électronique en temps réel, réalisée sur la station informatique de l'Ircam, produit des champs harmoniques pulsants, à partir de la captation du son de l'alto. Différents filtrages, émanant des données analytiques, agissent sur les traitements de l'harmoniseur et sur diverses configurations en synthèse granulaire, réalisée au moyen du programme Grainy de Norbert Schnell (Equipe Temps réel de l'Ircam).

L'écriture de la partie instrumentale est obtenue grâce à une exploitation très poussée des possibilités polyphoniques de l'alto, selon une évolution par stratification et accumulation d'échos et de résidus de toutes les tessitures harmoniques. C'est au sein d'une agogique extrêmement virtuose qu'évolue l'interprétation de toute la partie électronique, laquelle est gérée par l'altiste grâce à des capteurs de mouvements et de pressions installés sur l'intrument et controlés par Midi.

Pour la scène de la chute du CD-Rom d'Alberto Sorbelli, on utilisera, avec différents traitements, les matériaux sonores issus du concert et les matériaux visuels de l'exécution de l'altiste. Judith Cahen est la cinéaste invitée pour recueillir ces matériaux visuels. Grâce aux mouvements de sa caméra, elle interagit sur certains paramètres de la synthèse sonore : il s'en suit un dialogue musical libre entre le musicien qui contrôle l'agogique de chaque intervention de l'électronique, et la prise de vues qui tempère la tension du crescendo. Deux sonars contrôlables par Midi ont été réalisés pour permettre de régler l'interaction des mouvements de la caméra et du son électronique.L'altiste et la cinéaste, tour à tour filmés par l'équipe de Judith Cahen, se retrouvent donc être les interprètes d'une scène dans laquelle leur relation musicale est réanalysée et interprétée selon un autre code visuel. Ainsi, le public assiste à une véritable séance d'échantillonnage des matériaux sonores et visuels destinés à la réalisation du CD-Rom et d'un prochain film de Judith Cahen.

Lucia Ronchetti, programme des concerts du Cursus de composition de l'Ircam, 29-30 septembre 1997, Espace de projection de l'Ircam.