mise à jour le 12 octobre 2021
© Breitkopf & Härtel, 2004

Nicolaus A. Huber

Compositeur allemand né en 1939 à Passau.

Nicolaus A. Huber étudie le piano à la Musikhochschule de Munich auprès d’Oscar Koebel de 1958 à 1962, la composition avec Franz Xaver Lehner de 1962 à 1963 puis avec Günter Bialas de 1964 à 1967. Il travaille dans le studio de musique électronique de Munich en 1965-1966, avec Josef Anton Riedl dont il fait partie de l’ensemble de 1969 à 1971. Il poursuit sa formation auprès de Karlheinz Stockhausen à Darmstadt puis de Luigi Nono à Venise.

En 1969, il reçoit le prix de la Culture de la ville de Munich et en 1970, le prix de composition de Darmstadt. De 1971 à 1974, il est vice président du GNM, section allemande de l’International Society of Contemporary Music. Après avoir été nommé chargé de cours à la Folkwang-Hochschule de Essen en 1969, il y enseigne comme professeur de 1974 jusqu’en 2004. Il donne aussi des cours à la Musikhochschule de Munich, ainsi qu’au cours d’été de Darmstadt en 1988. Il participe également à de nombreux séminaires de composition, master-classes et « concert-portraits » aussi bien en Allemagne qu’à l’étranger (Autriche, Équateur, Corée du Sud, Grèce, Hongrie, Italie, Japon, Portugal, Suède, Suisse, Uruguay, Venezuela, etc.). Il est depuis 1993 membre de l’Académie des Arts de Berlin et de Leipzig et reçoit en 2007 le Prix Gerda et Günter Bialas de l’Académie des Beaux-Arts de Bavière.

Dans ses œuvres des années soixante, Huber cherche à épurer le langage musical. Critique face à l’héritage du sérialisme et son organisation multiparamétrique stricte, il développe ses compositions à partir de cellules simples : von … bis … (1966), Traummechanik (1967), Informationen über die Töne e-f (1965-1966).

Dans les années soixante-dix, après sa rencontre avec Nono dont il partage l’intérêt pour la politique – de 1975 à 1980, il collabore avec Peter Maiwald une compagnie de théâtre indépendante avec lequel il intervient dans des revues et des événements politiques en Allemagne de l’Ouest –, ses œuvres sont engagées et influencées par le marxisme – Harakiri (1971), Anerkennung und Aufhebung (1971) ou Banlieue (1972-1973).

Les pièces de ces années sont caractérisées par la prédominance du rythme. À partir de Darabukka pour piano (1976), il qualifie ses pièces de « compositions rythmiques ». À une compléxité rythmique, il mêle un matériau populaire. La pièce pour trombone Presente (1979) explore un rythme de fanfare ; celle pour orchestre Morgenlied (1980) est développée à partir d’un modèle rythmique cubain.

Ses œuvres montrent alors un intérêt croissant pour les possibilités du post-modernisme. Nicolaus A. Huber rend hommage au langage de Beethoven – Sechs Bagatellen (1981) – et Schumann – Demijour (1985–1986) fait référence à Zwielicht op. 39 n° 10 de Schumann et Air mit ‘Sphinxes’ (1987), à son Carnaval et récemment encore, à Schubert avec An die Musik (2010). Il s’inspire des esthétiques de Bretch, Eisler puis Hölderlin – Eröffnung und Zertrümmerung , An Hölderlin’s Umnachtung (1992) –, Duchamp – En face d’en face (1994) Covered with music (1997) Rose Selavy (2000), Wharol – To ‘Marilyn Six Pack’ (1995).

Go ahead (1988), comme beaucoup de ses œuvres, jouent sur la répétition et l’irruption de l’imprévisible. Sa musique exploite toutes les situations et contextes avec actions et bruits extra-musicaux – pouvant faire participer le public comme dans cette dernière pièce sous-titrée “with shrugs“ ou Ach, das Erhabene… (1999) dans laquelle le son créé par le pop-corn que l’auditoire est invité à manger fait partie de la composition.

En 2009, Nicolaus A. Huber devient professeur à l’Université de Musique de Lübeck. Depuis 2019, il est membre honoraire de l’Académie bavaroise des beaux-arts.


© Ircam-Centre Pompidou, 2010

Sources

  • Éditions Breitkopf & Härtel.
  • Stefan Orgass, « Nicolaus A. Huber », encyclopédie Grove, Oxford University.
  • John Warnaby, « The music of Nicolaus A. Huber », Tempo n° 57, Cambridge University Press, 2003.

Bibliographie sélective

  • Stefan AMZOLL, « Über Geschichte und kritisches Komponieren bei Nicolaus A. Huber », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Jörg BIRKENKÖTTER, « Neue harmonische Prozeßverläufe in „Pour les Enfants du paradis“ von Nicolaus A. Huber », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Volker BLUMENTHALER, « Der Weg ist steinig. Zu Offenes Fragment von Nicolaus A. Huber », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Ulrich DIBELIUS, Analysis of Nicolaus A. Huber’s Sechs Bagatellen, Deutschlandfunk, 29 September 2001.
  • Hanno EHRLER, « Zu einigen jüngeren Kompositionen von Nicolaus A. Huber », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Jörn Peter HIEKEL, « Das Vertraute und das Verstörende. Zu Nicolaus A. Hubers Komponieren », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Nicolaus A. HUBER, « „Abschied der kleinen Trommel“. Nicolaus A. Huber im Gespräch über die Achtundsechziger mit Werner Klüppelholz », in MusikTexte 163, novembre 2019, p. 49-59.
  • Nicolaus A. HUBER, « Pour les Enfants du paradis. Kurze Charakterstücke für KlavierPlus », Hören und Sehen – Musik audiovisuell. Wahrnehmung im Wandel. Produktion - Rezeption - Analyse - Vermittlung, publication de l’Instituts für Neue Musik und Musikerziehung, n° 45, Mayence, Schott, 2005, p. 57–61.
  • Nicolaus A. HUBER, « Doppelnatur und Nichtlokalität. Quanten & Co. », in MusikTexte 145, mai 2015, p. 23-27.
  • Nicolaus A. HUBER, Durchleuchtungen. Schriften 1964-1999, éditions Breitkopf & Härtel, Wiesbaden, 2000.
  • Nicolaus A. HUBER, « Über einige Beziehungen zu Bach (und Friedrich Hölderlin) », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Nicolaus A. HUBER, « La lune blanche. Gedanken zum Schlagzeug », in MusikTexte 140, février 2014, p. 17-19.
  • Nicolaus A. HUBER, « Le temps est littéral et miséricordieux. La place de Hölderlin dans mes compositions », Dissonance, n° 76 et 77, août et octobre 2002.
  • Nicolaus A. HUBER, « Quelques remarques concernant le problème du compositeur face à  la société », Journal of New Music Research, vol. 12, n° 1 et 2, 1983 , p. 193-197.
  • Nicolaus A. HUBER, Frank SIELECKI, Politisches Komponieren : ein Gespräch [entretien], ed. Pfau, Saarbrücken, 2000.
  • Sven-Ingo KOCH, « Nicolaus A. Huber: Zwischen Strenge und Offenheit », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Peter NELSON, Philipp BLUME (éditeurs), Music of Nicolaus A. Huber and Mathias Spahlinger. Contemporary Music Review, vol. 27, part 6, 2008.
  • Rainer NONNEMANN, K. Arbeit am Mythos: Studien zur Musik von Nicolaus A. Huber, ed. Pfau, Saarbrücken, 2002.
  • Max NYFFELER, Der dialektische Donnerschlag. Anmerkungen zur Musik von Nicolaus A. Huber, article de 2001 en ligne sur http://www.beckmesser.de/komponisten/hubernicolaus/portrait.html (lien vérifié en octobre 2021).
  • Reinhard OEHLSCHLÄGEL, « Gespenster von Nicolaus A. Huber », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Cornelius SCHWEHR, « Beobachtungen zu Don’t fence me in von Nicolaus A. Huber », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Hannes SEIDL, « Einbrüche der Popkultur in der Musik von Nicolaus A. Huber seit 1990 », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Frank SIELECKI, Das Politische in den Kompositionen von Helmut Lachenmann und Nicolaus A. Huber,  ed. Pfau, Saarbrücken, 2000.
  • Mathias SPAHLINGER, « Sphärenmusik von Nicolaus A. Huber », MusikTexte n° 108, 2006.
  • Thomas STRÄSSLE, « Tout le sens de la claire image vit comme un tableau… Le trio pour flûte, alto et harpe de Nicolaus A. Huber d’après Hölderlins », Dissonance, n° 70, août 2001, p. 14-19.
  • Caroline TORRA-MATTENKLOTT, « Me voici maintenant plein d’adieux. La tonalité dans An Hölderlins Umnachtung, pièce pour ensemble de Nicolaus A. Huber (1992) », Dissonance, n° 70, août 2001, p. 3-13.
  • John WARNABY,  « The Music of Nicolaus A. Huber », Tempo 57, n° 224, Cambridge University Press, avril 2003, p. 22-37, article téléchargeable sur le site http://journals.cambridge.org (lien vérifié en octobre 2021).

Discographie sélective

  • Nicolaus A. HUBER, Barong de méduses ; Fingercapriccio ; Póthos ; Hímeros ; Erosfragments, dans « Percussion Pieces », 1 CD Neos, 2020, NEOS 11823.
  • Nicolaus A. HUBER, music on canvas, dans « sichtbare spuren. visible traces » ensemble musikFabrik, avec des œuvres de Mauro Lanza, Rebecca Saunders et Bernd Alois Zimmermann, 1 cd Wergo, edition musikFabrik, 2010.
  • Nicolaus A. HUBER, « Œuvres pour ensemble & orchestre » : 1. Weisse Radierung ; 2. Mit etwas Extremismus” und einer Muskel-Coda ; 3. SarasteAir mit “Sphinxes” ; 4. dasselbe ist nicht dasselbe, WDR Sinfonieorchester, direction : Peter Rundel (1), Ensemble Modern (2, 3), direction : Jukka-Pekka (3), Rainer Römer : caisse claire (4), 1 cd Coviello Classics, coproduction WDR, 2009, n° COV61003.
  • Nicolaus A. HUBER, Seifenoper ; Don’t fence me in ; Traummechanik ; First play Mozart, Ensemble Recherche, 1 cd Coviello Classics, 2006, n° COV60606, ou 1 cd Tourette, coproduction WDR,
  • Nicolaus A. HUBER, Disappearances, Sebastian Berweck : piano, avec des œuvres de Martin Schüttler, Michael Maierhof et Hannes Galette Seidl, 1 cd stock11, Naivsuper, 2006, n°  CD 005.
  • Nicolaus A. HUBER, 1. Presente ; 2. La Force du Vertige ; 3. Der Ausrufer steigt ins Innere ; 4. Eröffnung und Zertrümmerung, Ensemble Musikfabrik (1), Avance Ensemble (2), Michael Bach (3), Nordrhein-Westfalen Musikfabrik, direction : Jurg Wyttenbach (4), 1 cd Telos Records, 2001.
  • Nicolaus A. HUBER, Vor und zurück dans « Matthias Arter Oboe plus », Matthias Arter : hautbois, Walter Feldmann : electronique, avec des œuvres de Walter Feldmann, Matthias Arter, Luciano Berio, Rainer Boesch, 1 cd Col Legno, 2000, n° 20009,
  • Nicolaus A. HUBER, 1. Air mit “Sphinxes” ; 2. Demijour ; 3. Beds and Brackets ; 4. Nocturnes, Ensemble Aventure (1),  Christian Hommel : hautbois (2), Young-Chang Cho : viloncelle (2), Catherine Vickers, piano (2, 3), SWF Sinfonieorchester Baden-Baden, direction : Kazimierz Kord, 1 cd Col Legno.
  • Nicolaus A. HUBER, Sein als Enspruch Part of Iosis, dans« Iosis. Zu Gesualdo. Cross-Media-Opera», Neue Vocalistsolisten Stuttgart, direction : Manfred Schreier avec des œuvres de Carlo Gesualdo,  Cornelius Schwehr, Caspar Johannes Walter, Isabel Mundry, Matthias Hermann, 1 cd Col Legno, 1999.
  • Nicolaus A. HUBER, An Hölderlins Umnachtung, Nordrhein-Westfalen Musikfabrik, direction : Johannes Kalitzke, avec des œuvres de Johannes Kalitzke, Thomas Bruttger, Gerhard Stabler, 1 cd Cpo, 1999.
  • Nicolaus A. HUBER, Gesamt-Klavierwerk : (1964-1996) [œuvres complètes pour piano] : Spektrale ; Darabukka ; Beds and brackets ; Disappearances, Catherine Vickers : piano, 1 cd Aulos, 1998, n° 3 18 172.
  • Nicolaus A. HUBER, To “Marilyn Six Pack”, Donaueschinger Musiktage 1996, avec des œuvres de Robert Platz, James Tenney, Luciano Berio, Helmut Oehring, Mark André, György Kurtág, Iannis Ioolkos, Guus Janssen, María Cecilia Villanueva, Louis Andriessen, 3 cds Col Legno, 1997.
  • Nicolaus A. HUBER, Clash Music, Groupe de percussion de La Hague, avec des œuvres de John Cage, Franco Donatoni, Jo Kondo, Ron Ford et Steve Reich, 1 cd Globe, 1995.
  • Nicolaus A. HUBER, Auf den Fluegeln der Harfe, dans « Irony » Teodoro Anzellotti : accordéon, avec des œuvres de Sofia Gubaidulina, Volker Heyn, Gerhard Stäbler, 1 cd Koch Schwann, 1994, n° 3-1356-2.

Liens Internet

(liens vérifiés en octobre 2021).