Steve Reich (1936)

Reich/Richter (2018)

pour grand ensemble, avec ou sans le film de Gerhard Richter

  • Informations générales
    • Date de composition : 2018
    • Durée : 37 mn
    • Éditeur : Boosey & Hawkes
    • Commande : The Shed (New York), The Los Angeles Philharmonic Association, Gustavo Dudamel, Music & Artistic Director, Cal Performances, University of California, Berkeley; Barbican Centre and Britten Sinfonia, Philharmonie de Paris, Oslo Philharmonic
Effectif détaillé
  • 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 vibraphones, 2 pianos, violon, violon II, alto, violoncelle

Information sur la création

  • Date : 6 avril 2019
    Lieu :

    États-Unis, New York, The Shed


    Interprètes :

    Ensemble Signal

Note de programme

Depuis les années 60, Steve Reich côtoie des peintres et artistes plasticiens qui, pour certains d’entre eux, sont devenus des amis (Richard Serra, Sol LeWitt, Michael Snow ou encore Bruce Nauman). Mais, comme il le souligne lui-même, les rapprochements que l’on fait entre sa musique et les réalisations des artistes minimalistes reposent essentiellement sur des analogies stylistiques. Ce qui relie Reich/Richter aux Patterns du peintre allemand Gerhard Richter (né en 1932), c’est en revanche le processus structurel.
Les deux hommes avaient fait connaissance à Cologne en 2009, à l’occasion d’une exposition de Richter. Celui-ci avait souhaité que Reich et son ensemble jouent la première partie de Drumming au sein de son exposition et Music for Eighteen Musicians à la Philharmonie. En 2016, il propose au compositeur d’écrire la musique du film qu’il est en train de réaliser avec Corinna Belz sur son livre Patterns. Pour produire les images de cet ouvrage, le peintre a divisé en deux la reproduction de l’un de ses tableaux abstraits ; puis il a divisé ces deux moitiés en quarts et répliqué en miroir deux de ces quarts. Il a poursuivi le processus jusqu’à obtenir un découpage en 4096 éléments. Au fur et à mesure des divisions, le tableau s’est transformé en ce que Reich appelle des « créatures anthropomorphiques », puis en « abstractions psychédéliques » de plus en plus petites qui ont fini par se muer en de très fines bandes horizontales. Richter ayant raconté au compositeur qu’il avait travaillé à ce projet en écoutant sa musique, la collaboration semblait s’imposer.
Le film ne suit pas exactement la progression du livre : il commence avec de fines bandes, qui s’élargissent peu à peu sans toutefois aller jusqu’au tableau d’origine ; le processus s’inverse ensuite, pour revenir aux bandes. Reich a transposé cette trajectoire par l’écriture rythmique et l’organisation des hauteurs. Ainsi, la première section est fondée sur une oscillation de deux notes en doubles croches. Lorsque la taille des bandes est multipliée par deux, on passe à un motif mélodique de quatre notes. L’idée se poursuit jusqu’à ce que le motif atteigne seize notes. Estimant ridicule d’allonger encore le « pattern » musical, Reich préfère continuer la transformation en remplaçant les doubles croches par des croches, puis par des noires. Quand les bandes du tableau s’affinent de nouveau, la musique parcourt le chemin inverse. Mais depuis sa création, Reich/Richter s’est émancipé de son modèle. Dorénavant jouée en concert sans le film, l’œuvre rappelle toutefois ses racines par la troublante homophonie de son titre.

Note de programme du concert du festival Présences de Radio France du 6 février 2024 à l'Auditorium de Radio France.