Effectif détaillé :
Ensemble : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 pianos, 2 vibraphones, 2 violons, 2 altos, 2 violoncelles, 2 contrebasse, contrebasse, basse électrique
Orchestre : 4 trompettes, 10 violons, 8 violons II, 6 alos, 6 violoncelles

Si Reich n’a guère écrit pour de grands effectifs, c’est en raison de son tropisme pour l’ensemble de moyenne dimension, mais aussi des difficultés qu’ont longtemps éprouvées les orchestres : jouer sa musique exige une énergie, une concentration et des réflexes différents de ceux dont les instrumentistes ont l’habitude. Mais au fil du temps, ses œuvres ont conquis les interprètes comme les auditeurs. En 2018, trente ans après sa précédente partition orchestrale, Reich pouvait se lancer avec confiance dans l’aventure symphonique.
Il projette alors «  ne extension du concerto grosso baroque » et un hommage au Concerto brandebourgeois n° 5 de Bach, l’une de ses œuvres préférées, dont une discrète réminiscence thématique se glisse dans le premier mouvement de Music for Ensemble and Orchestra. Mais ici, le concertino (le groupe de solistes) comprend vingt instruments, un nombre qui outrepasse les standards baroques. En outre, il sonne avec plus d’intensité que le ripieno (l’orchestre), lequel double souvent les solistes afin de varier la densité sonore (comme dans l’ancien concerto grosso).
Quant à la structure d’ensemble, elle est modelée sur celle de Runner, partition pour 19 musiciens de 2016 à laquelle Music for Ensemble and Orchestra emprunte aussi une partie de son matériau. Les cinq mouvements enchaînés sont disposés en arche, une construction chère à Reich qui l’emploie notamment dans The Desert Music et City Life (voir les concerts n° 4 et n° 8). Dans la mesure où le tempo ne change jamais, la sensation de rapidité ou de lenteur émane des valeurs rythmiques dominant la séquence. Le premier et le dernier mouvements sont ainsi fondés sur des doubles croches, articulées sans relâche par l’un des pianos ; le deuxième et le quatrième se déroulent sur un continuum de croches accentuées irrégulièrement ; le volet central s’appuie sur des noires, organisées selon un schéma rythmique propre à la musique du Ghana (où Reich était allé étudier la percussion en 1970), mais considérablement ralenti.