mise à jour le 18 mai 2017

Elżbieta Sikora

Compositrice polonaise née le 20 octobre 1943 à Lwów.

Elżbieta Sikora étudie l’ingénierie du son à l’École supérieure de musique à Varsovie, puis la musique électroacoustique au Groupe de Recherches Musicales à Paris avec Pierre Schaeffer et François Bayle entre 1978 et 1980. De retour à Varsovie, elle suit les cours de composition de Tadeusz Baird et Zbigniew Rudzinski. En 1973, elle fonde avec Wojciech Michniewski et Krzysztof Knittel, le groupe de compositeurs KEW, qui organisera plusieurs concerts à travers l’Europe avant de se dissoudre quelques années plus tard.

En 1981, elle obtient une bourse d’étude de neuf mois du gouvernement français, et suite au coup d’État du 13 décembre en Pologne, elle s’installe définitivement à Paris. Elle suit les cours de composition et d’analyse de Betsy Jolas et des stages d’informatique musicale à l’Ircam. Elle est invitée au CCRMA (Center for Computer Research for Music and Acoustics) de l’Université de Stanford où elle travaille plusieurs mois sous la direction de John Chowning.

En 1985, elle obtient un poste de professeure de composition électroacoustique au Conservatoire d’Angoulême où elle enseigne jusqu’en 2008.

De 2009 à 2017, elle dirige le festival Musica Electronica Nova de Wrocław.

Son catalogue comporte aussi bien des pièces électroacoustiques que des pièces instrumentales, et est riche d’une soixantaine d’œuvres dont des opéras, des pièces pour ballets, des pièces symphoniques, de la musique de chambre et soliste.

Ses œuvres sont jouées dans plusieurs pays d’Europe et aux États-Unis, notamment dans des festivals tels que le festival d’Avignon, les Dresdner Musikfestpiele, le festival Automne de Varsovie, Fylkongen à Stockholm, Musica Electronica Nova, Présences et le festival de musique électroacoustique de Bourges. Elle reçoit entre autres des commandes de Radio France, de l’Ircam, du Groupe de Recherches Musicales, de la Muse en Circuit, du Ballet de Monte Carlo, des ministères de la culture polonais et français.

En 1981, invitée par Tod Machover à l’Ircam, elle y compose une pièce pour flûte et électronique, Tête d’Orphée II, créée par Pierre-Yves Artaud et jouée ensuite dans de nombreux pays. Marquée par sa rencontre avec Pierre Schaeffer, elle reste très liée au GRM et elle compose l’année suivante, à la demande de François Bayle, Janek Wiśniewski-Décembre-Pologne, pour bande, en réaction aux événements polonais de décembre 1981.

Elżbieta Sikora a composé plusieurs opéras, dont l’opéra radiophonique Derrière son double, commandé par Radio France etL’Arrache-Cœur d’après Boris Vian, créé à l’Opéra National de Varsovie en 1995. Son opéra, Madame Curie, commande pour la commémoration du Centenaire de l’attribution du Prix Nobel de chimie à Marie Skłodowska-Curie, est créé à l’Unesco en 2012 avant d’être repris à Opéra baltique de Gdańsk.

Elle compose plusieurs œuvres pour bande, Flashback, hommage à Pierre Schaeffer (1996), Axe Rouge V (2012) dont plusieurs pour le ballet, Blow-up (1980), The Waste Land (1983) et La Clef de verre (1986).

En 2017, elle retrouve les studios de l’Ircam pour les pièces pour orchestre et électronique Sonosphère III. Symfonia Wrocławska et Sonosphère IV. Symfonia Wrocławska créées en mai 2017 au festival Musica Electronica Nova.

Plusieurs de ses œuvres ont été récompensées par des prix : Ariadna reçoit le deuxième Prix du Concours International de Composition C. M. Weber à Dresden en 1978 ; Guernica, hommage à Pablo Picasso reçoit le premier Prix au Concours de Femmes Compositeurs à Mannheim en 1981 ; Chant’Europe est récompensé par le Prix Pédagogique de la Sacem en 1994 ; L’Arrache-Cœur reçoit le Prix Nouveau Talent Musique de la SACD et Acquamarina, le Prix Magistère de Bourges. L’Académie du Disque Lyrique décerne une mention spéciale à la pièce Le Chant de Salomon (2003). Enfin, Madame Curie est récompensé par le Prix Splendor Gedanensis et par le Prix artistique 2012 de la Région de Gdańsk.

Elżbieta Sikora est nommée chevalier de la Croix du Mérite en Pologne en 1997 et Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en France en 2004.

Ses pièces sont publiées aux éditions Le Chant du Monde et PWM (Polskie Wydawnictwo Muzyczne).


© Ircam-Centre Pompidou, 2017

Sources

Site de la compositrice.
Site des éditions PWM.

Bibliographie

  • Cécile GILLY, « Elżbieta Sikora, l’écriture du son », dans L’Éducation musicale, 2009, n° 62, p. 20.
  • Marietta MORAWSKA-BÜNGELER, « Der ununterbrochene Fluss der Musik, die polnische Komponistin Elżbieta Sikora », dans MusikTexte, n° 86-87, 2000, p. 6-12.
  • Catherine SAINT-JAMES, Boris Vian et l’opéra, mémoire de maîtrise de musicologie, Université Rennes II, 1995.
  • Elżbieta SIKORA, « Son et image : liaison dangereuse », dans Marsyas, revue de pédagogie musicale et chorégraphique, n° 17, mars 1991.
  • Michèle TOSI, « Elżbieta Sikora, une compositrice polonaise engagée », dans L’Éducation musicale, avril 2016: article en ligne*,* https://www.leducation-musicale.com/index.php/recensions-de-spectacles/5666-elzbieta-sikora-une-compositrice-polonaise-engagee (lien vérifié en mai 2017).

Discographie

  • Elżbieta SIKORA, Flashback ; View from the Window ; The Head of Orpheus ; The Night Face Up ; The Second Journey, 3 cd Bôłt Records : Polish Radio Experimental Studio, 2012.
  • Elżbieta SIKORA, South Shore, Isabelle Perrin, harpe ; Philarmonie Baltique de Gdansk ; Jerzy Maksymiuk, direction, 1 cd DUX, 2009, 0713.
  • Elżbieta SIKORA, La Tête d’Orphée II ; Suite ; Suite II ; Reflets Irisés, Emmanuelle Ophèle, flûte ; David Simpson, violoncelle ; Goska Isphording, clavecin ; Wilhem Latchoumia, piano, 1 cd DUX, 2008, 0679.
  • Elżbieta SIKORA, Reflets irisées, avec des œuvres de Francisco Kröpfl, Dieter Kaufmann, Mathew Adkins, … et al. dans « Compendium International Bourges 2005 », 1 cd IMEB 2008.
  • Elżbieta SIKORA, Rappel III, Orchestre de chambre de la Radio Polonaise ; Agnieszka Duczmal, direction, 1 cd PRCD, 2004, 096.
  • Elżbieta SIKORA, Grain de sable, dans « Compendium International Bourges 2001 » avec des œuvres de Christian Clozier, Beatriz Ferreyra, Horacio Vaggione et Patrick Ascione, 1 cd Mnemosyne Musique Média, 2002, LDC 278 11 22/23.
  • Elżbieta SIKORA, Rouge d’été, avec des œuvres de Lorenzo Ferrero, Alain Savouret, Beatriz Ferreyra, … et al. dans « Les Saisons », 1 cd Chrysopée Electronique, 2002, LDC 278 11 26/29.
  • Elżbieta SIKORA, Lisboa, tramway 28 ; Janek Wi**śniewski, décembre, Pologne, Daniel Kientzy, saxophone, 1 cd Ina-GRM, 2001, e5011 275 842.
  • Elżbieta SIKORA, Le Chant de Salomon ; Solo pour violon ; Canzona ; Drei Lieder Eine Rose als Stütze ; Rappel III, Olga Loustiv-Ternovskaia, soprano ; Maria Bulgakova, soprano ; Alexandre Kalashkov, violon ; Mikhail Dubov, piano ; Alla Vasilieva, viole de gambe ; Ensemble de Musique Contemporaine de Moscou ; Orchestre à cordes de l’Orchestre National de Russie ; Jean Thorel, direction, 1 cd Le Chant du Monde, 2003, LDC 2781118.
  • Elżbieta SIKORA, La Tête d’Orphée ; Aquamarina, avec des œuvres de Patrick Kosk, Jacky Merit, Kent Olofsson, … et al. dans « Cultures électroniques 13 », 1 cd IMEB, 1981, LCD278070/71.
  • Elżbieta SIKORA, Rappel II, Orchestre Philharmonique de Poznan ; Wojciech Michniewski, direction ; Fréderic Curien, transformation en temps réel, dans « Warsaw Autumn 89 », 1 disque Polskie Nagrania Muza, 1982, 2858.
  • Elżbieta SIKORA, La Tête d’Orphée II, Jadwiga Kotnowska, flûte, dans « Warsaw Autumn 82 », 1 disque Polskie Nagrania Muza, 1982, 2739.
  • Elżbieta SIKORA, Ariadna, Ewa Ignatowicz, soprano ; Lidia Juranek, mezzo-soprano ; Ensemble Instrumental de l’Opéra de chambre de Varsovie ; Jacek Kasprzyk, direction, 1 disque Polskie Nagrania Muza, 1979, SX 1778.

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