mise à jour le 26 février 2024
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Toshi Ichiyanagi

Compositeur et pianiste japonais né le 4 février 1933 à Kobe et décédé le 7 octobre 2022 à Tokyo.

Élevé par des parents musiciens (un père violoncelliste et une mère pianiste), le compositeur Toshi Ichiyanagi se découvre jeune un goût pour la musique d’avant-garde. Si, avant ses vingt ans, il travaille en tant que pianiste pour la base militaire américaine de Tokyo en interprétant des comédies musicales de Broadway, des valses et du jazz, il est aussi celui qui dans le même temps introduit son voisin de quartier Toru Takemitsu aux œuvres d’Olivier Messiaen.

Ayant reçu plusieurs récompenses au Japon, il part faire ses études à l’Université du Minnesota en 1952, tout en suivant des cours à Tanglewood avec Aaron Copland. Deux ans plus tard, il intègre la Juilliard School (1954-1957) en composition. Toshi Ichiyanagi ambitionne à cet époque de devenir un compositeur dodécaphoniste, mais la Juilliard School ne comble pas ses attentes à cet égard et il se détourne de ses études à la recherche d’un enseignement moderniste. Il va à la rencontre de plusieurs compositeurs plus proches de ses aspirations : Luigi Dallapiccola, Edgard Varèse, Goffredo Petrassi, Lukas Foss et Stefan Wolpe.

Il trouve dans le même temps sa place dans le monde de l’art underground new-yorkais où il rencontre Yoko Ono, avec qui il éprouve une synergie artistique et qui sera son épouse de 1956 à 1962. À cette époque, le compositeur gravite autour des événements du mouvement Fluxus : il joue des œuvres de La Monte Young à l’AG Gallery de New York. Il y rencontre David Tudor, qui lui présente John Cage.

En 1958, il intègre la New School for Social Research, où il devient l’un des protégés de Cage. Celui-ci l’aide à obtenir le poste de pianiste improvisateur pour la compagnie de danse de Merce Cunningham. Toshi Ichiyanagi est conséquemment chargé d’organiser la tournée de Cage au Japon en 1960, événement fondamental dans la diffusion de la musique contemporaine dans l’archipel. Dans cette même idée, Toshi Ichiyanagi fonde avec Toru Takemitsu en 1966 le festival Orchestral Space qui poursuit le projet de faire connaître la musique expérimentale au Japon.

Son mentor le présente également à plusieurs artistes comme Andy Warhol, Frank Stella, Jasper Johns et le futuriste R. Buckminster Fuller. Sensible à l’aspect visuel de son travail, Toshi Ichiyanagi développe son propre système de notation, dérivé de l’occidental, une notation graphique qui lui vaudra d’être plusieurs fois exposé. Parmi ses partitions, IBM for Merce Cunningham, composée à partir des premières cartes informatiques IBM, est entre autres propriété du Museum of Modern Art de New York. En 1962 déjà, Toshi Ichiyanagi avait lui-même organisé avec Kuniharu Akiyama l’International Graphic Scores Exhibition à la galerie Minami, à Tokyo.

Un autre aspect prégnant des travaux du compositeur porte sur l’interprétation de sa musique par l’instrumentiste, notamment sur sa dimension aléatoire, mais aussi en lui laissant beaucoup de latitude, en l’encourageant à prendre des décisions concernant la structure, la hauteur, la densité, la couleur et l’activité sonore des pièces. Ces recherches commencent dès 1959 avec Music for Piano No.2. et se poursuivent avec Music for Electronic Metronome (1960) et tout au long de sa carrière jusqu’au Piano Concerto No. 6 (2016).

Porté par ses recherches autour des dialogues entre traditions musicales occidentales et orientales, Toshi Ichiyanagi forme en 1989 le Tokyo International Music Ensemble – the New Tradition (TIME), qui est constitué d’un mélange d’instruments japonais et occidentaux, et qui intègre le shomyo, un chant liturgique bouddhiste. Le compositeur écrit pour lui de nombreuses pièces : Reigaku Symphony No.2 (1989), The Way I et II (1990), Uncho Kuyo Bosatsu (1994) ou encore Spiritual Sight (1996).

Longtemps directeur artistique de la Fondation pour les arts de Kanagawa (1996-2021), Toshi Ichiyanaga entretient également dans les dernières années de sa vie un lien intense avec la Finlande, où il fonde la Société de musique contemporaine du Japon et de la Finlande, une relation qu’il mettra également en musique en 2011 dans son Piano Concerto No. 5 sous-titré « Finland ».

Prix et récompenses

  • Officier de l’Ordre du Soleil levant, 2005 ;
  • 33rd Suntory Music Prize, 2002 ;
  • Médaille au ruban pourpre du Japon, 1999 ;
  • Grand Prix du Prix Nakajima pour ses activités de compositeur, 1984 ;
  • Prix Otaka pour Circulating Scenerey, 1984 ;
  • Prix Otaka pour Piano Concerto No. 1 “Reminiscence of Spaces”, 1981 ;
  • Alexander Gretchaninov Prize, 1957 ;
  • Serge Koussevitzky Prize, 1956 ;
  • Elizabeth A. Coolidge Prize pour Sonata, 1955 ;
  • Première place de la compétition musicale Mainichi, composition, 1951 ;
  • Première place de la compétition musicale Mainichi, composition, 1949.

© Ircam-Centre Pompidou, 2024

Sources

Schott, Washington Post, Kyoto City University of Arts : « Toshi Ichiyanagi, Oral History ».

Source et détails du catalogue

Compositions pour le cinéma

  • Saraba Natsu no Hikari (Adieu clarté d’été) (Yoshishige Yoshida, 1968)
  • Eros + Gyakusatsu (Eros + Massacre) (Yoshishige Yoshida, 1969)
  • Rengoku Eroica (Purgatoire Eroïca) (Yoshishige Yoshida, 1970)
  • Kokuhaku-teki Joyu-ron (Aveux, Théorie, Actrices) (Yoshishige Yoshida, 1971)
  • Kaigenrei (Coup d’État) (Yoshishige Yoshida, 1973)
  • Metastasis (film expérimental de Toshio Matsumoto, 1973)
  • Shikisokuzeku-Kusokuzeshiki (film expérimental de Toshio Matsumoto, 1974)
  • Jun (Hiroto Yokoyama, 1980)
  • Saya no Iru Toshizu (Seiji Izumi, 1986)

Source(s) du catalogue

Compositions pour le cinéma

  • Saraba Natsu no Hikari (Adieu clarté d’été) (Yoshishige Yoshida, 1968)
  • Eros + Gyakusatsu (Eros + Massacre) (Yoshishige Yoshida, 1969)
  • Rengoku Eroica (Purgatoire Eroïca) (Yoshishige Yoshida, 1970)
  • Kokuhaku-teki Joyu-ron (Aveux, Théorie, Actrices) (Yoshishige Yoshida, 1971)
  • Kaigenrei (Coup d’État) (Yoshishige Yoshida, 1973)
  • Metastasis (film expérimental de Toshio Matsumoto, 1973)
  • Shikisokuzeku-Kusokuzeshiki (film expérimental de Toshio Matsumoto, 1974)
  • Jun (Hiroto Yokoyama, 1980)
  • Saya no Iru Toshizu (Seiji Izumi, 1986)

Liens Internet

(liens vérifiés en février 2024).

Bibliographie

  • Emmanuelle LOUBET, « Rund um die ganz Welt. Toshi Ichiyanagi - von Japan aus gesehen », in MusikTexte 61, November 1995, p. 8-11.
  • Emmanuelle LOUBET, « The beginnings of electronic music in Japan, with a focus on the NHK studio: the 1970s », in Computer Music Journal, Spring 1998, vol.22, no.1. p. 49-55.

Discographie sélective

  • Toshi ICHIYANAGI, Piano Media ; Time Sequence ; Cloud Atlas ; Inter Konzert ; Inexhaustible Fountain , Piano Poem, Ami Fujiwara : piano, dans « Piano Poem - Piano Works », 1 CD Camerata, 2021, CMCD-28377.
  • Toshi ICHIYANAGI, String Quartet No. 0 ; String Quartet No. 1 ; String Quartet No. 2 “Interspace” ; String Quartet No. 3 “Inner Landscape” ; String Quartet No. 4 “In the Forest” ; String Quartet No. 5, dans « String Quartets », 2 CD Camerata, 2020, CMCD-15157~8.
  • Toshi ICHIYANAGI, Computer Space ; Sound Material of Metastasis ; Title And Year Unknown ; For String #2, dans « Computer Space », 1 CD Edition Omega Point, 2019, OPA-023.
  • Toshi ICHIYANAGI, « Sapporo », 1 CD Edition Wandelweiser Records, 2018, EWR 1801.
  • Toshi ICHIYANAGI, Music for Piano No. 1 ; Music for Piano No. 2 ; Music for Piano No. 3 ; Music for Piano No. 4 ; Music for Piano No. 5 ; Music for Piano No. 6 ; Music for Piano No. 7, Takuji Kawai : piano, dans « Music for Piano », 1 CD Edition Omega Point, 2013, OPX-011.
  • Toshi ICHIYANAGI, Inexhaustible Fountain ; Inter Konzert ; Piano Poem ; Time Sequence ; In Memory of John Cage ; Imaginary Scenes ; Paganini Personal, Toshi Ichiyanagi, Aska Iino : piano, dans « Piano Works », 1 CD Camerata, 2012, CMCD-28269.
  • Toshi ICHIYANAGI, String Quartet ; Between Space and Time ; Trio Interlink ; Resonant Space ; Symphony No. 8 Revelation 2011, dans « Symphony No. 8 Revelation 2011 For Chamber Orchestra », 1 CD Camerata, 2012, CMCD-28257.
  • Toshi ICHIYANAGI, Scenes No. 3 ; Cloud Figures ; Hoshi-No-Wa ; Time Sequence, dans « Cosmos of Toshi Ichiyanagi II », 1 CD Camerata, 2011, CMCD-50038.
  • Toshi ICHIYANAGI, « Electronic Field », 1 CD Edition Omega Point, 2008, OPA-008.
  • Toshi ICHIYANAGI, « オペラ横尾忠則を歌う: Opera “From The Works Of Tadanori Yokoo” », 4 CD Bridge, 2005, BRIDGE-028/031.
  • Toshi ICHIYANAGI, Music For Tinguely ; Appearance ; Music for Living Space, dans « Music For Tinguely », 1 CD Edition Omega Point, 2005, OPA-005.
  • Toshi ICHIYANAGI, The Way ; Still Time I ; Still Time II ; Still Time III ; Still Time IV, dans « 千年の響き », 1 CD Fontec, 2005, FOCD3160.
  • Toshi ICHIYANAGI, Encounter, dans « 千年の響き », 1 CD Fontec, 2003, FOCD-9183.
  • Toshi ICHIYANAGI, Music For Electric Metronomes ; For Strings, Music For Piano No. 4 & Music For Piano No. 6 ; Duet ; Parallel Music ; String Quartet No. 3 “Inner Landscape”, dans « Cosmos of Toshi Ichiyanagi III ~ 1960’s & 1990’s », 2 CD Camerata, 1999, 25CM-552-3.
  • Toshi ICHIYANAGI, Violin Concerto “Circulating Scenery”, dans « The Min-On Contemporary Music Festival ‘83 », 1 CD Camerata, 1993, 32CM-295.
  • Toshi ICHIYANAGI, Paganini Personal ; Flowers Blooming In Summer ; Two Existence ; Scenes II ; Cloud Atlas I ; Cloud Atlas II ; Cloud Atlas III ; Cloud Atlas IV ; Cloud Atlas V ; Cloud Atlas VI, dans « Cosmos of Toshi Ichiyanagi I », 1 CD Camerata, 1988, 32CM-52.