mise à jour le 28 mai 2024
© Didier Olivré

Martin Matalon

Compositeur argentin né le 17 octobre 1958 à Buenos Aires.

Né à Buenos Aires en 1958, Martin Matalon étudie à la Juilliard School de New York où il obtient son Master de composition. Il reçoit en 1986 le Prix Charles Ives de l’American Academy of Institute of Arts and Letters, le Holtkamp AGO Award en 1988 et de nombreux prix de composition ASCAP et BMI. Durant les étés 1987 et 1988, il participe aux cours d’Olivier Messiaen et de Pierre Boulez au Centre Acanthes de Villeneuve-lès-Avignon, et poursuit ses études en France avec Tristan Murail grâce à une bourse de la Fondation Fulbright en 1988 et 1989.

En 1989, il fonde Music Mobile, ensemble basé à New York et consacré au répertoire contemporain et devient son directeur jusqu’à 1996.

En 1993, il s’installe définitivement à Paris et commence une longue collaboration avec l’Ircam à l’occasion d’une exposition au Centre Pompidou sur l’univers de Jorge-Luis Borges, qui donnera naissance à l’œuvre La Rosa profunda. L’Ircam lui commande ensuite une partition pour la version restaurée du film de Fritz Lang, Metropolis. Après ce travail de longue haleine, Martin Matalon se plonge dans l’univers de Luis Buñuel en écrivant consécutivement trois nouvelles partitions pour les trois films surréalistes du cinéaste espagnol : Las siete vidas de un gato en 1996 pour le film Un chien andalou (1927), qui orchestré deviendra en 2001, El torito catalanLe scorpion en 2001 pour L’Âge d’or (1931) et Traces II (la cabra) (2005) pour Las Hurdes (terre sans pain) (1932).

Il écrit de nombreuses œuvres de musique de chambre, parmi lesquelles Formas de arena, pour flûte, alto et harpe, ou Lineas de agua pour octuor de violoncelles. Une partie importante de son catalogue est formée par deux séries d’œuvres : initiée en 1997, celle des Trames, œuvres à la lisière de l’écriture soliste du concerto et de la musique de chambre, et la série des Traces qui constitue pour le compositeur une sorte de « journal intime compositionnel » et destinée à des instruments solistes avec électronique en temps réel.

Martin Matalon reçoit en 2005 le prix de la J.S Guggenheim fondation de New York et le prix de l’Institut de France Académie des beaux-arts. En 2001, le prix de la Ville de Barcelone pour la musique de Metropolis, le Charles Ives Scholarship de la American Academy and Institute of Arts and Letters et le prix « Opéra Autrement » (1989) du Centre Acanthes pour la commande et production de l’opéra de chambre Le Miracle secret basé sur le conte homonyme de Jorge-Luis Borges.

Parmi ses œuvres récentes, plusieurs sont destinées au jeune public comme ces trois contes musicaux : La légende de M. Chance (2006), Tulles et les ombres (2007) et Har le Tailleur de Pierre (2008). Il reçoit le prix des lycéens en 2007.

Compositeur en résidence à l’Arsenal de Metz en 2003-2004, Martin Matalon y enregistre trois pièces symphoniques avec l’Orchestre National de Lorraine et son chef Jacques Mercier, cd paru chez Universal au printemps 2006. Professeur invité à l’Université McGill de Montréal de 2004 à 2008 et au domaine Forget avec le Nouvel ensemble modern en 2009. Il est par ailleurs en résidence à la Muse en Circuit de 2005 à 2010 où l’ensemble Sillages créé l’intégrale du cycle Traces qui fait aussi l’objet d’un disque monographique chez Sismal Records en 2010. Il est en résidence au Festival de Stavanger (Norvège) en 2011 et compositeur invité du Festival Les Arcs en 2014.

Depuis octobre 2010, il enseigne la composition au conservatoire régional d’Aubervilliers-La Courneuve. Il est également professeur invité à McGill University, à l’Ircam, au Centre Acanthes et dans de nombreuses académies d’été : CompoLab, Injuve, Institut français-Barcelona. Il enseigne au CNSM de Lyon depuis 2017.

Son opéra L’Ombre de Venceslao a été nominé aux Victoires de la Musique en 2017.


© Ircam-Centre Pompidou, 2018

Sources

  • site du compositeur ;
  • Pascal Ianco, livret des cds.

Par Héloïse Demoz

Si je veux composer une pièce,
je n’entends pas une mélodie ou une
harmonie, mais je vois des formes ;
et de ces formes je trouve après les sons.
Martin Matalon (Documentaire Martin Matalon, rugged lines1)


L’éclectisme de l’œuvre du compositeur argentin Martin Matalon, élève de Vincent Persichetti et Bernard Rands à la Julliard School of Music de New York, n’est plus à démontrer. En effet, seule une moitié de son catalogue concerne la musique purement instrumentale, le reste étant réservé à des formats et des genres beaucoup plus variés comme l’opéra, le Hörspiel, le ballet, la musique de cirque (Caravansérail, 2016), le conte musical (La légende de Mr Chance, 2006 ; Tulles et les ombres, 2007 ; Har le Tailleur de Pierre, 2008 ; Trois pommes d’or, 2013) ou le ciné-concert. Ces différentes collaborations sont fondamentales car elles ouvrent une nouvelle façon d’aborder l’écriture musicale en y ajoutant un « autre », un support externe (image, danse, texte), créant ainsi de nouvelles problématiques qui pourront renouveler le langage. Martin Matalon a aussi un impact significatif sur la transmission et la médiation de la musique contemporaine, car il fait partie des rares compositeurs à penser ce répertoire comme support pédagogique pour les jeunes interprètes.

Les premières influences : sons plastiques et objets mobiles, temps et littérature

Marqué par les spécificités harmoniques et sonores du courant spectral (Tristan Murail, Philippe Hurel, Gérard Grisey) – influences qui se retrouvent notamment dans les filtrages harmoniques utilisés dans Traces IV et III – Matalon considère le son « dans sa forme plastique, mais aussi comme un objet en mouvement2 ». L’importance accordée à la plasticité sonore vient de la musique de Messiaen – dont il suit les cours au Centre Acanthes de Villeneuve-lès-Avignon en 1987 et 1988 – , mais aussi de la période sérielle de Stravinsky et plus précisément de la pièce Variations (Aldous Huxley in Memoriam3) (1964). Le thème initial de cette pièce, se présentant sous la forme d’une « ligne homophonique unique, dessinée dans l’espace, qui change de volume, de densité, de forme et de couleur devenant ainsi extrêmement fine ou dense4 » est le point de départ de la recherche d’une musique pensée comme élément mobile dans l’espace. La ligne stravinskienne, ainsi que ses multiples dérivées, se retrouvera dans de nombreuses œuvres de Matalon. Elle s’intègre dans une pensée plus picturale avec Lignes de fuite (2007), puis dans Lineas, puntos, planos (2018) qui rappelle le fameux essai de Kandinsky Point et ligne sur plan ; et enfin avec Rugged pour double orchestre (2018) commençant « avec une ligne atomisée et fragile, qui se déploie sur tout le registre orchestral5 ».

La deuxième influence musicale majeure est celle de Pli selon Pli de Pierre Boulez, qu’il écoute pour l’écriture de la percussion et les effets de résonance, et à propos de laquelle il dit : « J’ai compris l’utilisation de l’espace comme je ne l’avais jamais imaginé, des formes puissantes pénétraient l’espace l’une après l’autre. En tout cas c’est le souvenir indélébile que m’avait laissé ce mouvement6 ». Une nouvelle perception de l’espace, mais aussi du temps. En effet, on retrouve à plusieurs reprises dans les notices d’œuvres de Matalon, les termes « temps suspendu » et « temps pulsé » (Dos formas del tiempo, 2000, Traces I, Traces X) qui rappellent sans équivoques les « trois modèles temporels » de Boulez, « temps lisse, temps strié, temps pulsé » qui apparaissent dans Penser la musique aujourd’hui7. Pour donner un exemple concret, Traces I, construite sur « deux conceptions du temps musical », oppose un « environnement où le temps musical est lisse et suspendu » à un mouvement dont la forme circulaire « s’articule dans un temps musical pulsé, strié8 ». Au-delà de cette conception temporelle, Matalon travaille aussi à une certaine forme d’enrichissement du rythme de la musique contemporaine. Mais il ne s’agit pas tant de richesse que d’une diversité rythmique et de ruptures stylistiques, qui intéressent le compositeur car « elles ouvrent de nouvelles portes ». Il va aller chercher la complexité rythmique dans la musique populaire comme celle d’Astor Piazzolla, dans la danse sud-américaine (tango, milonga, samba), dans le free jazz ou le jazz rock de John McLaughlin.

La troisième influence majeure provient de la littérature. Découvert à dix neuf ans, au moment de quitter l’Argentine, José Luis Borges est un écrivain qui a littéralement formé la façon de penser de Matalon jusqu’à lui donner envie d’en imiter certaines caractéristiques comme l’art de la forme brève. Celle-ci, typique de la littérature borgésienne est difficile à maitriser car elle est « d’une économie totale et en même temps d’une grande exubérance et richesse9 » et se présentera musicalement sous la forme de courtes sections ou miniatures dans lesquelles l’idée musicale sera présentée « de façon essentielle, sans les divers développements linéaires que l’on connaît : prolifération, accumulation, processus, répétitions ». Après l’opéra de chambre pour cinq voix et dix instruments Le Miracle Secret en 1989, Matalon compose La rosa profunda (Monedas de Hierro), un parcours musical sur des textes de Borges. Sorte de mélodies parlées, le cycle La rosa profunda utilise les techniques traditionnelles de mise en musique d’un texte, tant en termes de forme que d’écriture. Espejo ou Atlas biográfico adoptent la structure traditionnelle de la mélodie avec prélude, interlude et postlude instrumentaux, tandis que Tango est une juxtaposition stricte entre le texte et l’accompagnement musical. De même, toujours en s’inscrivant dans la tradition du figuralisme du lied et de la mélodie, le compositeur a recours à une écriture qu’il nomme « métaphorique » : ainsi la flûte de l’Atlas biográfico représente Borges lui-même, tandis que le solo de basson qui se détache de l’atmosphère mystérieuse de Lecturas semble évoquer le lecteur tant attendu par le livre : « un livre est une chose parmi les choses, un volume parmi les volumes qui peuplent l’univers indifférent, jusqu’à ce qu’il trouve son lecteur10 ». Dans Espadas, l’aura martiale de la trompette soutient musicalement l’évocation de « Gram, Durandal, Joyeuse et Excalibur », les mythiques épées des plus célèbres épopées. Enfin la pédale de la voyageant de timbre en timbre, se transformant au gré des instruments, crée cette impression de dialogue voulue par le poème Conversaciones. L’évocation d’une atmosphère au moyen d’une orchestration spécifique est l’une des spécificités de l’écriture de Matalon et se retrouve ici dans Tango et Buenos Aires : l’un se termine sur une milonga stylisée tandis que l’autre, grâce à un duo de contrebasse et trompette en sourdine recrée parfaitement l’atmosphère intemporelle, voire irréelle, de la ville décrite par Borges (« Buenos Aires pour moi n’a jamais commencé comme l’eau, comme l’air, je la crois immortelle11 »). « Si les bois sont associés à Lecturas et à l’idée d’artisanat que peut évoquer un livre, les miroirs sont quant à eux associés à l’iridescence des percussions12 ». Ainsi, que ce soit dans Espejos, dans Cronologias (dont les vers du poèmes disent : « que la mémoire enserre dans ses miroirs ») ou encore dans l’Atlas biográfico (« Je suis un miroir, un écho ») le timbre de la percussion, sans cesse varié, crée une ligne subtile reliant les poèmes. L’œuvre Rosa Profunda existe aussi en version de concert, pour dix musiciens et électronique sous le titre Monedas de Hierro (1993). Ici encore, la petite forme borgésienne a été exploitée par le compositeur, car « chaque mouvement de l’œuvre présente une idée musicale de la manière la plus essentielle, sans aucune sorte de développement, de prolifération, de processus ou de répétition13 ».

Au-delà de l’utilisation des textes de Borges, Matalon se base aussi sur d’autres grands auteurs comme Raúl Damonte Botana, dit Copi, romancier, dramaturge et dessinateur argentin francophone (L’ombre de Vanceslaos), ou Bertolt Brecht (Celui qui dit non). Le ballet Rugged lines, commande du Festival de Musiques Contemporaines de Barcelone, conçue pour un ballet de cinquante minutes, chorégraphié par Maria Rovira en 1997 est – quant à lui – basé sur les Leçons américaines d’Italo Calvino. Écrites en 1984 pour les « Charles Eliot Norton Poetry Lectures » à l’université de Harvard, ces Six propositions pour le prochain millénaire (sous-titre de l’ouvrage) abordent les thèmes de la Légèreté, la Rapidité, l’Exactitude, la Visibilité, la Multiplicité et la Cohérence, que le compositeur résume ainsi : « l’exactitude, définie comme la recherche de la concision à travers la mise en œuvre de concept précis ; la visibilité, valeur ouvrant les territoires de l’imaginaire ; la rapidité, rapportée à la virtuosité de la pensée, son agilité et sa flexibilité ; la légèreté, qui donne à la vie son côté aérien et éthéré ; la multiplicité favorisant l’arborisation de l’idée, sa prolifération14 ». Matalon a essayé de reprendre le processus de Calvino en « tentant de créer une version globale cohérente à partir de mots-clés en apparence complémentaires15 » tout en se posant une série de questions telles que « Comment évoquer la légèreté sans se confronter à la densité ? De quelle manière la rapidité met-elle en œuvre la lenteur ? Ou encore, que serait l’exactitude à notre pratique de l’ornementation ? ». Il en ressort une musique toute en légèreté faite de timbres mélangeant instruments traditionnels, instruments ethniques et dispositif. La multiplicité, sera de nouveau le point central d’une œuvre en 2014, dans Spirals, loops, lines pour 15 instruments dans laquelle chaque « idée musicale va se transformer et devenir une nouvelle idée [..] créant ainsi parenthèses, commentaires et gloses, formant une sorte de labyrinthe et dynamisant le rythme formel de l’œuvre16 ». Lignes, spirales et labyrinthes, les thèmes récurrents de l’écriture de Matalon voient le jour progressivement, par réutilisation successive du matériau.

Le « journal intime compositionnel » : Traces et Trame

Composés à la manière d’un journal intime compositionnel depuis le début de la carrière de Matalon, les deux cycles Traces et Trame sont un voyage à l’intérieur du son qui aborde aussi différentes problématiques compositionnelles fondamentales comme la notion d’espace, la narration musicale ou la brièveté formelle. Leur format, mettant en valeur les instruments solistes, se situe dans la lignée des Sequenze de Luciano Berio à la différence qu’en lieu et place d’une série de pièces pour instruments soliste, les Traces sont des pièces mixtes avec électronique en temps réel.

L’électronique des Traces (la dernière Traces XIX date de 2024) est pensée comme un moyen de « créer un environnement qui démultiplie, transforme et transcende l’espace17 », sans provoquer d’opposition entre l’instrument soliste et l’électronique. Au contraire, ces derniers cohabitent au point de créer un nouveau monde voire un nouvel instrument. Chaque Traces est pensée avec des dualités et des contrastes comme « l’apesanteur et la densité (Traces V), la multiplicité et l’unité (Traces II et VI), l’idée de construction/déconstruction (Traces VIII) ou encore temps pulsé/temps suspendu (Traces I), son expansif/son intime (Traces I et Traces II18) ».
Les Traces III pour cor et dispositif électronique, Traces IV pour marimba et électronique et Traces V pour clarinette et électronique seront regroupées pour former l’opéra radiophonique Nocturnes (2006) sur un livret original d’Alan Pauls construit sur des fragments de journaux intimes d’écrivains tels que Kafka, Gombrowicz, Jünger et Barthes. Ce triptyque dont la trame narrative est résumée par le compositeur par « L’homme qui meurt, L’enfant qui attend, et La Femme qui fuit » symbolise musicalement « trois histoires [qui] se passent en une seule et même nuit, en une seule et même ville » et qui pourront éventuellement se croiser.

Le titre Trame, vient d’un poème de Borges, La Trama, dévoilant « une synchronie invisible et inconcevable entre tous les éléments qui constituent “l’histoire universelle19“ ». Ces partitions sont composées pour instruments soliste et ensemble de chambre et mettent en lumière « la tension entre une écriture de musique de chambre qui valorise tous les instruments en établissant des liens complexes entre eux et une écriture soliste qui individualise un des interprètes20 ». De fait, le tissage musical des Trame permet d’explorer les différentes dimensions narratives d’une forme. Ici encore, l’orchestration va devenir un medium essentiel, comme dans Trame II dans laquelle le clavecin (soliste) est accompagné avec un ensemble aux sonorités représentatives comme « le steel drum des Caraïbes, le udu (percussion digitale africaine), le bandonéon associé au tango argentin, l’orgue hammond emblématique du rock des années 7021 […] » ; qui permettent un dialogue stylistique et historique entre les instruments.
Si les Traces peuvent êtres mises en parallèle avec les Sequenze de Berio, les Trames sont peut-être une démarche similaire aux Chemins : un moyen de développer le matériau initial des Traces afin de proposer un travail plus conséquent sur le timbre, l’espace et l’écriture concertante ?

Dans la lignée de ces pièces et à la demande de la compagnie Cadéëm et du Conservatoire à Rayonnement Régional de Gennevilliers, le compositeur va écrire de courtes pièces pédagogiques : les Mini Traces. Ces partitions pour jeunes instrumentistes possèdent un accompagnement électronique très simple d’utilisation, à la fois techniquement et musicalement, dont les deux caractéristiques principales sont : une pulsation intégrée au sein même de la composition, afin que l’interprète se repère facilement ; une sonorité très proche du timbre instrumental pour lequel la bande est composés, afin d’obtenir un « faux temps réel ». Les Mini Traces font suite à d’autres pièces pédagogiques, pour duo ou petit ensemble écrites dès 2020 (dos nocturnos pour 2 flûtes et 2 clarinettes (2 étudiants + 2 professeurs) ; fanfare & blues pour trompette et trombone ténor ; Paseo pour xylophone et vibraphone ; pendulo pour violon et violoncelle ; sombra pour basson et piano).

« Contrepoints cinématographiques » et ciné-concert : de Fritz Lang à Luis Buñuel

Le genre du ciné-concert arrive dès le début de la carrière de Matalon et s’inscrit dans un contexte plus large : celui de la campagne de restauration des chefs-d’œuvres du cinéma muet, « initié[e] en France au milieu des années 1970, notamment sous l’impulsion de Jean-Jacques Birgé […] et, dynamisé[e] ensuite par les nombreuses commandes de Cinémémoire au début des années 1990, de l’Auditorium du Louvre, du Musée d’Orsay, de la Cinémathèque française, de l’Ircam, ou encore de l’Orchestre national d’Île-de-France22 ». Après l’inclassable Metropolis de Fritz Lang (1926-27) en 1995, il aborde des films surréalistes avec Luis Buñuel, Un Chien Andalou (1929) en 1996, L’Âge d’or (1930) en 2002 et Terre sans pain (1933). En 2005, le compositeur réaborde la musique de film et le genre plus léger de la comédie, dix ans après avec La Princesse aux Huîtres d’Ernst Lubitsch (1919), suivie par une série de courts métrages de Buster Keaton (L’Épouvantail 1920, La maison démontable 1920 et Frigo Fregoli 1921) en 2021 ; et enfin une série de Charlie Chaplin (dont la commande de l’Ircam Chaplin Factory, 2024). Comme le précise souvent le compositeur, toutes ces pièces ne sont pas uniquement des musiques de film, mais surtout des ciné-concerts, forme dans laquelle la musique vivante, l’orchestre, est au cœur de la représentation. D’ailleurs, ces « contrepoints cinématographiques » possèdent même des titres indépendants : Las siete vidas de un gato pour huit musiciens et électronique correspond au film Le chien andalou, Le scorpion pour six percussions, deux pianos et électronique (2002) à été composé pour L’Âge d’or ; Traces II La cabra pour alto et électronique est la musique de Las Hurdes (« Terre sans pain ») et enfin La Persecuta accompagne The Adventurer de Chaplin.

Composer pour un film muet donne une plus grande liberté à l’espace sonore et à la musique tant dans sa forme que dans son timbre. La musique que propose Matalon n’est jamais illustrative. Au contraire, grâce à une analyse minutieuse du montage, il crée une relation « amicale » avec les images et réussit à garder son propre langage et sa propre dramaturgie tout en étant toujours en relation avec le film : « peut-être que la clé, le secret, pour écrire de la musique d’un film muet, c’est être conscient du montage. Le montage fournira le rythme global du film. Si vous en êtes conscient (cela ne signifie pas que vous devez le suivre inconditionnellement), si vous savez toujours pourquoi vous le suivez ou pourquoi vous décidez de le contredire, alors vous pouvez vous libérer des images23 ». Ainsi, que ce soit dans Métropolis ou dans le triptyque de Buñuel, les partitions tentent d’exploiter les diverses relations possibles entre musique et image ; en passant du parallélisme à la divergence totale.
C’est à la lecture de cette critique du film de Lang par Buñuel et en s’attachant plus aux images qu’à la narration en tant que telle que Matalon commence à concevoir la musique du film de Metropolis.
« Metropolis n’est pas un film unique. Metropolis, ce sont deux films collés par le ventre, mais avec des nécessités spirituelles divergentes, d’un extrême antagonisme. Ceux qui considèrent le cinéma comme un discret conteur d’histoires éprouveront avec Metropolis une profonde déception. Ce qui nous est raconté est trivial, ampoulé, pédant, d’un romantisme suranné. Mais, si à l’anecdote nous préférons le fond “plastico-photogénique” du film, alors Metropolis comblera tous les vœux, nous émerveillera comme le plus merveilleux livre d’images qui se puisse composer24 ».

Le clair-obscur du film, le contraste entre les jardins suspendus et le monde des travailleurs trouve un rapport concret dans l’alternance de sons simples et purs, qui s’opposent avec les sons plus denses des synthétiseurs. Le parallélisme entre la musique et l’image se trouve dans la scène d’ouverture, montrant des « jeux complexes d’engrenages gigantesques, axes, leviers, poulies unies dans une composition cubiste25 ». Ici, la musique se fait « le double formel de l’image, la prolongeant de manière presque palpable dans le son et dans l’espace ». Grâce à une spatialisation des objets sonores « en mouvements contraires, qui s’éloignent puis se rapprochent avec des vélocités différentes26 ». Au contraire, la divergence se produit au moment de la scène d’inondation, violente dans l’image, mais musicalement « statique et intériorisée27 ». Au chaos cinématographique s’oppose un silence musical. L’orchestration, elle-même, intégrant des timbres jazz ou extraeuropéens, « allège l’atmosphère expressionniste du film28 ». Enfin, si le compositeur n’a pas recours au leitmotiv, certains timbres reviennent régulièrement pour assurer une continuité dramaturgique : la basse fretless pour Freder le contremaître, le son pur de la guitare électrique pour Maria, et sa distorsion à son double maléfique29.

Les films de Buñuel sont très différents de celui de Lang. La symétrie et le découpage presque cubique de Metropolis laissent place à un foisonnement surréaliste influencé par l’univers de Salvador Dali. En opposition totale avec le film précédent, dans Un chien andalou (Las siete vidas de un gato), il n’y a plus de logique temporelle, du fait des inscriptions irrationnelles sur les cartons, l’unité d’espace n’existe plus ce qui engendre une forme plutôt fragmentée. Cet aspect formel s’inscrit dans la continuité de ce que Matalon travaillait déjà avec la forme brève borgesienne : « j’ai totalement épousé le principe buñuelien d’une forme dont chaque section débouche sur une autre, les deux n’ayant que peu ou pas de relation entre elles. C’est sans doute la forme musicale qu’on retrouve le plus souvent dans mon travail30 ». De même, il n’y a pas de personnages forts, mais cette absence va être contrecarrée par le compositeur par la création d’éléments qui ne vont cesser de s’affirmer tout au long de la partition, accompagné d’une certaine forme de surenchère orchestrale et rythmique (marche militaire, tango, valse). Le scorpion, quant à lui, va jouer sur un espace de timbre grâce à son instrumentation très originale. La partition suit le découpage du film documentaire, et s’articule en quatorze intermèdes évocateurs : Les scorpions / La descente / La choza / Les bandits / Les majorquins / Rome / Valse dalienne / Valse buñuelesque / Les marquis de X / La claque A / La claque B / The love scene / La girafe, le cousin et l’évêque / Le duc de blanchis. En termes formels, cette œuvre utilise un processus de développement déjà rencontré dans Traces et Trame, qui est le principe de complémentarité, qui se traduit concrètement par le fait « d’agrafer » deux scènes consécutives avec un détail commun parfois très anodin comme un timbre instrumental, un objet mélodique. Les percussions utilisées pour Le Scorpion rassemblent les éléments de la nature : les bois (marimba, bamboo chimes, guiro), le métal (vibraphone, bols japonais et tibétain, gons thaï, crotal), la peau (caisse claire, Bongo timbales et timbalès), la terre cuite (udu pot de fleurs) le sable (maracas et arbre à pluie), l’eau (calebasse) et la pierre. Cette utilisation du matériau/matières naturelles se retrouvera aussi dans l’œuvre vocale, composée pour l’ensemble De Caelis, Formas in Pulvere (2012) pour 5 voix de femmes, percussion et dispositif électronique en temps réel, sur un texte d’Omar Khayyam, structurée en trente miniatures qui s’enchaînent comme une métaphore de la vie, de l’éphémère et de la façon dont la matière se dissout. Ces thèmes tournant autour de la nature apparaissent aussi dans Formas de arena (2001) et De polvo y piedra (2013). La nomenclature de six percussionnistes requises pour Le Scorpion, typique des œuvres écrites pour les Percussions de Strasbourg, se retrouve dans Les Caramba (2001) composée pour les quarante ans de l’ensemble, mais également dans Del color a la materia (2010-2011), pour piano concertant, six percussionnistes et électronique destinée à la dixième édition du Concours international de piano.

Le devenir d’une œuvre : réécriture ou « œuvre en suspens » ?

La présence récurrente des Traces, ainsi que leur intégration au sein d’œuvres plus vastes (Nocturnes, Traces II–La cabra), les réutilisations successives du même matériaux (Las siete vidas de un gato va devenir en 2002 El Torito Catalan) sont une caractéristique propre à Matalon et ne se retrouvent que rarement, à un tel niveau, chez d’autres compositeurs contemporains. Il s’agit moins d’une réécriture — telle que la pensait Boulez pour les différentes versions de Visage nuptial, par exemple — que d’un processus de réinterprétations de l’œuvre comme le pratique Magnus Lindberg avec Corrente, Decorrente, Corrente II ou Coyote Blues et Dotz Coyote, entre autres. Mais il serait possible aussi d’y voir une résurgence des labyrinthes et des miroirs de l’écriture borgésienne, dont le poème La Trama évoque justement ce pouvoir de toutes les formes de réitérations : « Al destino le agradan las repeticiones, las variantes, las simetrías » [Le destin aime les répétitions, les variantes, les symétries].


1. Martin Matalon, rugged lines, un film écrit et réalisé par Serge Leroux, France, 1998, 13 minutes, Hibou Production.
2. Ibid.
3. https://medias.ircam.fr/x17dd27_martin-matalon-aldous-huxley-variations
4. Pour une analyse plus complète, voir https://medias.ircam.fr/x17dd27_martin-matalon-aldous-huxley-variations
5. Martin Matalon, Rugged, pour double orchestre, concert « Berlioz, Chausson, Ravel, Matalon et Debussy » par l’Orchestre philharmonique de Radio France, publié sur France Musique le 25 octobre 2018.
6. Martin Matalon, entretien avec Charles Arden : https://www.olyrix.com/articles/actu-des-artistes/575/interview-martin-matalon-lombre-de-venceslao-rennes
7. Pierre Boulez, Penser la musique aujourd’hui, Gallimard, 1987.
8. Martin Matalon : https://martinmatalon.com/traces-i/
9. Fernando Benadon, « An Interview with Martin Matalon », Computer Music Journal, MIT Press, Summer, 2005, Vol. 29, n°2, p. 13-22.
10. Tous les extraits de poèmes de Borges ainsi que leur traduction sont issus du livret du disque « La Rosa Profunda : Parcours Musical Sur Des Textes De Jorge Luis Borges », IRCAM CD 0003, 1992. Traduction des poèmes de José Luis Borges : Jean-Pierre Bernès.
11. Ibid.
12. Pascal Ianco, livret du disque « La Rosa Profunda : Parcours Musical Sur Des Textes De Jorge Luis Borges », IRCAM CD 0003, 1992. Traduction des poèmes de José Luis Borges : Jean-Pierre Bernès.
13. Ibid.
14. Martin Matalon : https://martinmatalon.com/rugged-lines/
15. Ibid.
16. Ibid.
17. Martin Matalon, livret du disque Traces, Ensemble Sillages, Sismal Records – SR005, 2005.
18. Ibid.
19. Note de programme Trame II : https://brahms.ircam.fr/fr/works/work/10563/
20. Ibid.
21. Martin Matalon : https://martinmatalon.com/trame-ii/
22. Philippe Langlois, « Musique contemporaine et cinéma, panorama d’un territoire sans frontière », revue Circuit, Montréal, volume 26 numéro 3, 2016, p. 12.
23. Fernando Benadon, « An Interview with Martin Matalon », Computer Music Journal, MIT Press, Summer, 2005, Vol. 29, n°2, p. 13-22, 16.
24. Luis Buñuel, « Metropolis » in : Cahiers du Cinéma N° 223, Paris août 1970, p. 20
25. Site du compositeur : https://martinmatalon.com/metropolis/
26. Ibid.
27. Ibid.
28. Ibid.
29. Pour plus de renseignements, voir l’entretien réalisé par Philippe Langlois : https://medias.ircam.fr/xa723cb_music-for-metropolis-by-martin_matalon
30. Martin Matalon : https://martinmatalon.com/las-siete-vidas-de-un-gato/

© Ircam-Centre Pompidou, 2024

  • Musique soliste (sauf voix)
    • Dos formas del tiempo pour piano (2000), 10 mn, Eschig [note de programme]
    • élec Traces I pour violoncelle et électronique (2004), 15 mn, Billaudot
    • Short Stories pour vibraphone (2005), 10 mn, Billaudot
    • élec Traces II La cabra, musique pour Las Hurdes (« Terre sans pain ») de Luis Buñuel, pour alto et électronique (2005), 40 mn, Billaudot
    • élec ircam Traces III pour cor et dispositif électronique (2006), 10 mn, Billaudot
    • élec ircam Traces IV pour marimba et électronique (2006), 10 mn, Billaudot
    • élec ircam Traces V pour clarinette et dispositif électronique (2006), 10 mn, Billaudot
    • élec Traces VI pour flûte et dispositif électronique (2006), 16 mn, Billaudot
    • God speed (2012)
    • élec Traces VIII pour violon et électronique (2012), 14 mn
    • élec Traces IX pour violoncelle et dispositif électronique en temps différé (2014), 8 mn 30 s, Billaudot
    • élec Traces X pour accordéon et dispositif électronique en temps différé (2014), 13 mn 30 s, Billaudot
    • élec Traces XII pour harpe et dispositif électronique en temps différé (2017), 12 mn, Billaudot
    • élec Traces XIII pour piano et dispositif électronique (2018), Billaudot
    • élec Traces XIV pour guitare et dispositif électronique en temps différé (2019), 18 mn env , Billaudot
    • élec Traces XV pour clarinette basse et dispositif électronique (2021), 13 mn env , Billaudot
    • élec Traces XVI pour vibraphone et dispositif électronique (2021), 13 mn env , Billaudot
    • élec Traces XVII pour marimba et dispositif électronique (2021), 16 mn env , Billaudot
    • élec Minitrace 8 pièce pédagogique pour harpe et électronique (stéréo) (2022), 2 mn 30 s, Billaudot
    • Piano-Galxaxie pour piano (2023), 9 mn 30 s env
    • élec Traces XVIII pour timbales et dispositif électronique (2023), 10 mn env , Billaudot
  • Musique de chambre
    • La cifra pour flûte, violoncelle, piano et percussion (1994), 13 mn, Eschig
    • ...del matiz al color... pour huit violoncelles (1999), 12 mn, Eschig
    • Formas de arena pour flûte, harpe et alto (2001), 13 mn, Billaudot
    • Les Caramba pour six percussions (2001), 4 mn 30 s, Billaudot
    • élec ircam Le scorpion musique pour le film L'Age d'or de Luis Buñuel, pour six percussions, deux pianos et électronique (2002), 1 h 7 mn, Billaudot
    • Lineas de agua pour huit violoncelles (2003), 12 mn, Billaudot
    • Prelude and blue trio pour saxophone, percussion et contrebasse (2005), 15 mn, Billaudot
    • élec La Makina pour deux pianos deux percussions et électronique (2007), 25 mn, Billaudot
    • élec Har le Tailleur de Pierre conte musical, pour trois percussionistes et électronique (2008), 50 mn, Inédit
    • Loop & épilogue pour piano, accordéon et violoncelle (2014), 6 mn, Billaudot
    • Metal sobre Metal pour cor et deux trompettes (2015), 10 mn
    • 3 Interludes pour trio d'accordéons (2018), 7 mn env , Inédit
    • Intermezzo pour quatuor d’accordéons (2018), 10 mn env , Billaudot
    • Lineas, puntos, planos pour violon, violoncelle et piano (2018), 14 mn env , Billaudot
    • Spin pour 2 pianos et 2 percussions (2018), 17 mn env , Billaudot
    • Atomization, loop & freeze pour trois pianos et trois percussions (2019), 22 mn env , Billaudot
    • La Rueda pour violon, piano et dispositif électronique (2019), 13 mn, Billaudot
    • dos nocturnos pièce pédagogique pour 2 flûtes et 2 clarinettes (2 étudiants + 2 professeurs) (2020), 4 mn, Lemoine
    • fanfare & blues pièce pédagogique pour trompette (en UT) et trombone ténor (2020), 3 mn, Billaudot
    • Paseo pièce pédagogique pour xylophone et vibraphone (2020), 3 mn, Billaudot
    • pendulo pièce pédagogique pour violon et violoncelle (2020), 2 mn, Billaudot
    • sombra pièce pédagogique pour basson et piano (2020), 2 mn, Billaudot
    • élec La Persecuta Musique pour le film The Adventurer de Charlie Chaplin (2021), 25 mn, Billaudot
    • One Week musique pour le film One Week de Buster Keaton (2021), 21 mn 30 s, Billaudot
    • Scarecrow musique pour le film Scarecrow de Buster Keaton (2021), 18 mn 30 s, Billaudot
    • The Playhouse musique pour le film The Playhouse de Buster Keaton (2021), 23 mn 30 s, Billaudot
    • Axes pour flûte, clarinette, percussion, piano, violon et violoncelle (2022), 18 mn 30 s env , Billaudot
    • élec Minitrace 1 pour piano 4 mains et électronique (stéréo) (2022), 4 mn 30 s, Billaudot
    • élec Minitrace 2 pour flûte, percussion et électronique (stéréo) (2022), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 3 pièce pédagogique pour hautbois, clarinette en sib et électronique (stéréo) (2022), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 4 pièce pédagogique pour mandoline, harpe, guitare et électronique (stéréo) (2022), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 5 pièce pédagogique pour 2 percussionnistes et électronique (stéréo) (2022), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 6 pièce pédagogique pour accordéon, bandonéon et électronique (stéréo) (2022), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 7 pièce pédagogique pour violon, alto, violoncelle et électronique (stéréo) (2022), 3 mn, Billaudot
  • Musique instrumentale d'ensemble
    • élec El Matarife pour ensemble de seize instrumentistes (1991), 20 mn, Ricordi [note de programme]
    • élec Monedas de hierro pour dix musiciens et électronique (1993), 15 mn, Billaudot
    • élec ircam Metropolis musique pour le film de Fritz Lang, pour ensemble et électronique (1995, 2001-2007, 2011), 2 h 20 mn, Eschig [note de programme]
    • élec Las siete vidas de un gato pour huit musiciens et électronique, musique pour Un Chien Andalou de Luis Buñuel (1996), 18 mn, Eschig
    • élec ircam scénique Rugged lines ballet pour neuf instruments et électronique (1997), 50 mn, Eschig
    • élec Rugged lines memos pour neuf instruments et électronique (1999), 20 mn, Eschig
    • Otras ficciones pour vents, percussions, deux pianos, deux harpes et contrebasses (2001), 27 mn, Eschig
    • El torito catalan pour orchestre (2002), 17 mn, Billaudot
    • Trame V concerto pour trompette et orchestre (2003), 23 mn, Billaudot
    • La légende de M. Chance conte musical, pour orchestre (2006), 40 mn, Billaudot
    • Lignes de fuite pour orchestre (2007), 18 mn, Billaudot
    • scénique Tulles et les ombres conte musical, pour sept instrumentistes (2007), 50 mn
    • élec Tunneling pour ensemble et électronique (2009), 18 mn 30 s
    • …de tiempo y de metal… pour ensemble de cuivres (2010), 16 mn, Billaudot
    • élec De polvo y piedra pour ensemble et électronique (2013), 20 mn, Billaudot
    • élec scénique Trois pommes d’or conte pour sept instrumentistes et dispositif électronique (2013), 55 mn
    • Spirals, loops, lines pour ensemble de quinze instruments (2014), 20 mn, Billaudot
    • élec Foxtrot Délirium musique de film, pour douze instruments et dispositif électronique (2015), 58 mn, Billaudot
    • scénique Caravanserail pour circassiens et treize instrumentistes (2016), 40 mn, Billaudot
    • Rugged pour orchestre (2018), 10 mn, Billaudot
    • Wenceslao Orchestral suite pour orchestre (2020), 15 mn, Billaudot
    • élec Metropolis Rebooted musique pour le film Metropolis de Fritz Lang en version restaurée (2021, 2021), 2 h 20 mn, Durand
    • élec flux & freeze pour 2 flûtes, clarinette(s), saxophone(s), 2 percussions, piano, synthétiseur et électronique (pré-enregistrée) (2022), 16 mn, Billaudot
    • Suite musicale un prologue pour clarinette(s), basson, trompette, trombone, percussion, violon et contrebasse (2023), 15 mn
    • Relatos concerto pour orchestre (2024), 27 mn env
  • Musique concertante
    • Trame I pour hautbois et cinq instrumentistes (1997), 13 mn, Billaudot
    • Trame II pour clavecin et six instrumentistes (1999), 18 mn, Eschig [note de programme]
    • Trame III concerto pour violoncelle et orchestre (2000), 23 mn, Eschig
    • Trame Ia pour saxophone soprano et cinq instrumentistes (2001), 13 mn, Billaudot
    • Trame IV pour piano et onze instrumentistes (2001), 16 mn, Billaudot
    • Trame VI pour alto et orchestre de chambre (2004), 22 mn, Billaudot
    • Trame VII pour cor et ensemble (2005), 21 mn, Billaudot
    • Trame IX concerto pour hautbois et orchestre (2008), 21 mn, Billaudot
    • Trame VIII pour marimba solo et huit instruments (2008), 20 mn, Billaudot
    • Trame X pour accordéon et ensemble (2009), 17 mn, Billaudot
    • élec Del color a la materia pour piano concertant, six percussionnistes et électronique (2010-2011), Billaudot
    • K/D/M Concerto pour deux percussionnistes, accordéon et orchestre de chambre (2010-2011), Billaudot
    • Trame XI pour contrebasse solo et ensemble (2011), 14 mn, Billaudot
    • Trame XII pour trompette solo et orchestre à cordes (2011), Billaudot
    • Trame XIII pour saxophone soprano et orchestre (2015), 16 mn, Billaudot
    • élec Spinning lines pour 2 à 5 solistes et orchestre (2017), 28 mn, Billaudot
    • Trame XIV pour clarinette et ensemble (2018), Billaudot
  • Musique vocale et instrument(s)
    • scénique Le Miracle Secret opéra de chambre, pour cinq voix et dix instruments (1989), 45 mn, Ricordi
    • élec ircam La rosa profunda (Monedas de Hierro) un parcours musical sur des textes de Jorge Luis Borges, pour récitant, ensemble et électronique (1992), 45 mn, Inédit
    • ircam Nocturnes opéra radiophonique pour trois instruments solistes et trois comédiens (2006), 30 mn, Inédit
    • élec scénique La Rosa... pour mezzo-soprano, récitant, accordéon, ensemble instrumental et dispositif électronique (2011), 1 h 5 mn, Billaudot
    • élec Formas in Pulvere pour 5 voix de femmes, percussion et dispositif électronique en temps réel (2012), 35 mn, Billaudot
    • élec scénique Les Morts qui touchent théâtre sonique, pour narrateur, mezzo-soprano, ensemble et dispositif électronique en temps différé (2013), 1 h 25 mn
    • élec La Carta pour mezzo-soprano, clarinette, accordéon, percussion et dispositif électronique (2015), 16 mn, Billaudot
    • scénique L’ombre de Venceslao opéra en deux actes (2016), 1 h 25 mn, Billaudot
    • scénique Celui qui dit non opéra (2023), 35 mn, Billaudot
    • élec ircam Behind the screen ciné-concert pour le film de Charlie Chaplin (2024), 23 mn 30 s
    • élec ircam The Immigrant ciné-concert pour le film de Charlie Chaplin (2024), 24 mn
    • élec ircam The Vagabond ciné-concert pour le film de Charlie Chaplin (2024), 25 mn 30 s
  • Musique vocale a cappella
    • Tabula es pour chœur (2004), 8 mn, Billaudot
    • élec Traces VII pour soprano et électronique (2008)
    • élec Dos Lineas pour 5 voix de femmes et dispositif électronique en temps différé (2013), 8 mn, Billaudot
    • élec Traces XIX pour mezzo-soprano et dispositif électronique (2024), 10 mn env
  • Musique électronique / sur support / instruments mécaniques
    • élec ircam Le Tunnel sous l'Atlantique musique pour un événement de télévirtualité entre le Centre Pompidou et le musée d'art contemporain de Montréal (1995), 40 mn, Inédit
  • 2024
    • élec ircam Behind the screen ciné-concert pour le film de Charlie Chaplin, 23 mn 30 s
    • Relatos concerto pour orchestre, 27 mn env
    • élec ircam The Immigrant ciné-concert pour le film de Charlie Chaplin, 24 mn
    • élec ircam The Vagabond ciné-concert pour le film de Charlie Chaplin, 25 mn 30 s
    • élec Traces XIX pour mezzo-soprano et dispositif électronique, 10 mn env
  • 2023
  • 2022
    • Axes pour flûte, clarinette, percussion, piano, violon et violoncelle, 18 mn 30 s env , Billaudot
    • élec Minitrace 1 pour piano 4 mains et électronique (stéréo), 4 mn 30 s, Billaudot
    • élec Minitrace 2 pour flûte, percussion et électronique (stéréo), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 3 pièce pédagogique pour hautbois, clarinette en sib et électronique (stéréo), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 4 pièce pédagogique pour mandoline, harpe, guitare et électronique (stéréo), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 5 pièce pédagogique pour 2 percussionnistes et électronique (stéréo), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 6 pièce pédagogique pour accordéon, bandonéon et électronique (stéréo), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 7 pièce pédagogique pour violon, alto, violoncelle et électronique (stéréo), 3 mn, Billaudot
    • élec Minitrace 8 pièce pédagogique pour harpe et électronique (stéréo), 2 mn 30 s, Billaudot
    • élec flux & freeze pour 2 flûtes, clarinette(s), saxophone(s), 2 percussions, piano, synthétiseur et électronique (pré-enregistrée), 16 mn, Billaudot
  • 2021
    • élec La Persecuta Musique pour le film The Adventurer de Charlie Chaplin, 25 mn, Billaudot
    • élec Metropolis Rebooted musique pour le film Metropolis de Fritz Lang en version restaurée, 2 h 20 mn, Durand
    • One Week musique pour le film One Week de Buster Keaton, 21 mn 30 s, Billaudot
    • Scarecrow musique pour le film Scarecrow de Buster Keaton, 18 mn 30 s, Billaudot
    • The Playhouse musique pour le film The Playhouse de Buster Keaton, 23 mn 30 s, Billaudot
    • élec Traces XV pour clarinette basse et dispositif électronique, 13 mn env , Billaudot
    • élec Traces XVI pour vibraphone et dispositif électronique, 13 mn env , Billaudot
    • élec Traces XVII pour marimba et dispositif électronique, 16 mn env , Billaudot
  • 2020
    • Paseo pièce pédagogique pour xylophone et vibraphone, 3 mn, Billaudot
    • Wenceslao Orchestral suite pour orchestre, 15 mn, Billaudot
    • dos nocturnos pièce pédagogique pour 2 flûtes et 2 clarinettes (2 étudiants + 2 professeurs), 4 mn, Lemoine
    • fanfare & blues pièce pédagogique pour trompette (en UT) et trombone ténor, 3 mn, Billaudot
    • pendulo pièce pédagogique pour violon et violoncelle, 2 mn, Billaudot
    • sombra pièce pédagogique pour basson et piano, 2 mn, Billaudot
  • 2019
    • Atomization, loop & freeze pour trois pianos et trois percussions, 22 mn env , Billaudot
    • La Rueda pour violon, piano et dispositif électronique, 13 mn, Billaudot
    • élec Traces XIV pour guitare et dispositif électronique en temps différé, 18 mn env , Billaudot
  • 2018
    • 3 Interludes pour trio d'accordéons, 7 mn env , Inédit
    • Intermezzo pour quatuor d’accordéons, 10 mn env , Billaudot
    • Lineas, puntos, planos pour violon, violoncelle et piano, 14 mn env , Billaudot
    • Rugged pour orchestre, 10 mn, Billaudot
    • Spin pour 2 pianos et 2 percussions, 17 mn env , Billaudot
    • élec Traces XIII pour piano et dispositif électronique, Billaudot
    • Trame XIV pour clarinette et ensemble, Billaudot
  • 2017
    • élec Spinning lines pour 2 à 5 solistes et orchestre, 28 mn, Billaudot
    • élec Traces XII pour harpe et dispositif électronique en temps différé, 12 mn, Billaudot
  • 2016
  • 2015
    • élec Foxtrot Délirium musique de film, pour douze instruments et dispositif électronique, 58 mn, Billaudot
    • élec La Carta pour mezzo-soprano, clarinette, accordéon, percussion et dispositif électronique, 16 mn, Billaudot
    • Metal sobre Metal pour cor et deux trompettes, 10 mn
    • Trame XIII pour saxophone soprano et orchestre, 16 mn, Billaudot
  • 2014
    • Loop & épilogue pour piano, accordéon et violoncelle, 6 mn, Billaudot
    • Spirals, loops, lines pour ensemble de quinze instruments, 20 mn, Billaudot
    • élec Traces IX pour violoncelle et dispositif électronique en temps différé, 8 mn 30 s, Billaudot
    • élec Traces X pour accordéon et dispositif électronique en temps différé, 13 mn 30 s, Billaudot
  • 2013
    • élec De polvo y piedra pour ensemble et électronique, 20 mn, Billaudot
    • élec Dos Lineas pour 5 voix de femmes et dispositif électronique en temps différé, 8 mn, Billaudot
    • élec scénique Les Morts qui touchent théâtre sonique, pour narrateur, mezzo-soprano, ensemble et dispositif électronique en temps différé, 1 h 25 mn
    • élec scénique Trois pommes d’or conte pour sept instrumentistes et dispositif électronique, 55 mn
  • 2012
  • 2011
    • élec Del color a la materia pour piano concertant, six percussionnistes et électronique, Billaudot
    • K/D/M Concerto pour deux percussionnistes, accordéon et orchestre de chambre, Billaudot
    • élec scénique La Rosa... pour mezzo-soprano, récitant, accordéon, ensemble instrumental et dispositif électronique, 1 h 5 mn, Billaudot
    • Trame XI pour contrebasse solo et ensemble, 14 mn, Billaudot
    • Trame XII pour trompette solo et orchestre à cordes, Billaudot
  • 2010
  • 2009
    • Trame X pour accordéon et ensemble, 17 mn, Billaudot
    • élec Tunneling pour ensemble et électronique, 18 mn 30 s
  • 2008
    • élec Har le Tailleur de Pierre conte musical, pour trois percussionistes et électronique, 50 mn, Inédit
    • élec Traces VII pour soprano et électronique
    • Trame IX concerto pour hautbois et orchestre, 21 mn, Billaudot
    • Trame VIII pour marimba solo et huit instruments, 20 mn, Billaudot
  • 2007
  • 2006
    • La légende de M. Chance conte musical, pour orchestre, 40 mn, Billaudot
    • ircam Nocturnes opéra radiophonique pour trois instruments solistes et trois comédiens, 30 mn, Inédit
    • élec ircam Traces III pour cor et dispositif électronique, 10 mn, Billaudot
    • élec ircam Traces IV pour marimba et électronique, 10 mn, Billaudot
    • élec ircam Traces V pour clarinette et dispositif électronique, 10 mn, Billaudot
    • élec Traces VI pour flûte et dispositif électronique, 16 mn, Billaudot
  • 2005
    • Prelude and blue trio pour saxophone, percussion et contrebasse, 15 mn, Billaudot
    • Short Stories pour vibraphone, 10 mn, Billaudot
    • élec Traces II La cabra, musique pour Las Hurdes (« Terre sans pain ») de Luis Buñuel, pour alto et électronique, 40 mn, Billaudot
    • Trame VII pour cor et ensemble, 21 mn, Billaudot
  • 2004
    • Tabula es pour chœur, 8 mn, Billaudot
    • élec Traces I pour violoncelle et électronique, 15 mn, Billaudot
    • Trame VI pour alto et orchestre de chambre, 22 mn, Billaudot
  • 2003
    • Lineas de agua pour huit violoncelles, 12 mn, Billaudot
    • Trame V concerto pour trompette et orchestre, 23 mn, Billaudot
  • 2002
    • El torito catalan pour orchestre, 17 mn, Billaudot
    • élec ircam Le scorpion musique pour le film L'Age d'or de Luis Buñuel, pour six percussions, deux pianos et électronique, 1 h 7 mn, Billaudot
  • 2001
    • Formas de arena pour flûte, harpe et alto, 13 mn, Billaudot
    • Les Caramba pour six percussions, 4 mn 30 s, Billaudot
    • Otras ficciones pour vents, percussions, deux pianos, deux harpes et contrebasses, 27 mn, Eschig
    • Trame IV pour piano et onze instrumentistes, 16 mn, Billaudot
    • Trame Ia pour saxophone soprano et cinq instrumentistes, 13 mn, Billaudot
  • 2000
  • 1999
  • 1997
    • élec ircam scénique Rugged lines ballet pour neuf instruments et électronique, 50 mn, Eschig
    • Trame I pour hautbois et cinq instrumentistes, 13 mn, Billaudot
  • 1996
    • élec Las siete vidas de un gato pour huit musiciens et électronique, musique pour Un Chien Andalou de Luis Buñuel, 18 mn, Eschig
  • 1995
    • élec ircam Le Tunnel sous l'Atlantique musique pour un événement de télévirtualité entre le Centre Pompidou et le musée d'art contemporain de Montréal, 40 mn, Inédit
    • élec ircam Metropolis musique pour le film de Fritz Lang, pour ensemble et électronique, 2 h 20 mn, Eschig [note de programme]
  • 1994
    • La cifra pour flûte, violoncelle, piano et percussion, 13 mn, Eschig
  • 1993
  • 1992
  • 1991
  • 1989
    • scénique Le Miracle Secret opéra de chambre, pour cinq voix et dix instruments, 45 mn, Ricordi

Sites Internet

Interviews en ligne

(liens vérifiés en mars 2024).

Bibliographie

  • Fernando BENADON, « An Interview with Martin Matalon », in Computer Music Journal, 29(2), 2005, p. 13-22.
  • Sylviane FALCINELLI, « Martin Matalon ou le labyrinthe des effervescences », L’éducation musicale, janvier-février 2006, n° 529-530, p. 33-36.

Discographie

  • Martin MATALON, … del color alla materia … ; La Makina, Ensemble Batida, 1 cd VDE-Gallo, 2017, cd-1496.
  • Martin MATALON, Trame IV ; Trame VII ; Trame I ; Trame VIII, Ensemble Mesostics, dans « Tramages » avec des œuvres de Philippe Hurel et Bernard Cavanna, 1 cd Hortus, 2014.
  • Martin MATALON, Trame II ; Trame IV ; Trame VIII, Maude Gratton, clavecin ; Florence Cioccolani, piano ; Eriko Minami, marimba ;**Ensemble Les Siècles ; François-Xavier Roth, direction, 1 cd Musicales Actes Sud, 2011.
  • Martin MATALON, « Traces » : Traces II pour alto ; Traces VI, pour flûte ; Traces IV, pour marimba ; Traces V, pour clarinette ; Traces III, pour cor ; Traces VII, pour soprano, ensemble Sillages : Gilles Deliège, Sophie Deshayes, Eve Payeur, Pierre Dutrieu, Pierre Remondière, Donatienne Michel-Dansac, direction artistique : Philippe Arrii Blaschette et Martin Matalon, 1 cd Sismal Records, 2010.
  • Martin MATALON, Metropolis, musique pour le film de Frizt Lang, réédition Ircam-Centre Pompidou, Ernest Martinez-Izquierdo : direction, enrégistrement public au théâtre du Châtelet les 30 et 31 mai 1995, 1 cd Ircam-Centre Pompidou, deuxième édition : 2006.
  • Martin MATALON, Trames III et V ; Torito Catalan, œuvres pour orchestre, Marc Coppey, violoncelle, Eric Aubier, trompette, orchestre national de Lorraine, direction : Jacques Mercier, enregistré en septembre 2004 à l’Arsenal de Metz, 1 cd Accord-Una Corda, MFA, 2006.
  • Martin MATALON, Le Scorpion, musique pour le film de Luis Buñuel, Percussions de Strasbourg, technique Ircam (Spat), 1 sacd Accord-Una Corda-MFA, 2004, 476 1280.
  • Martin MATALON, De tiempo y de arena, comprenant aussi Monedas de hierro, ensemble court-circuit, direction : Pierre André Valade, …del matiz al color…, L’Octuor de violoncelles de Beauvais ; Dos formas del tiempo, pour piano, Dimitri Vassilakis, piano ; Formas de arena, Trio Nobis ; Las siete vidas de un gato, Ensemble Ictus, direction : Georges Élie Octors,  1 cd Accord-Una Corda, 2003, 476 070-2.
  • Martin MATALON, La rosa profunda, parcours musical, sur des textes de Luis Borges, Rodolfo de Suza, récitant, Martin Matalon, direction, 1 cd Ircam-Centre Pompidou, 1992, CD0003.

Documentaires vidéos

  • Métropolis résonances – Martin Matalon, documentaire écrit et réalisé par Serge Leroux. France, 2001, 26 minutes, Hibou Production.
  • Martin Matalon, rugged lines, documentaire écrit et réalisé par Serge Leroux, France, 1998, 13 minutes, Hibou Production.